"Je ne sais pas d'étude plus attachante que l'étude de la femme dans les annales de l'humanité." Émile Zola, L'uvre,
dossier préparatoire
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De Thérèse Raquin à Marianne, en passant
par Gervaise, Nana, Denise ou Pauline, d'innombrables figures de femmes,
contradictoires, traversent l'uvre d'Émile Zola : vénales
et corrompues, Nana, Renée ou Thérèse Raquin semblent
souillées par leur sang maudit. Idéales et pures, vierges
invaincues ou mères fécondes, comme Désirée,
Marianne ou Angélique, la bien nommée, elles sont vouées
au martyre ou destinées à assurer la descendance de toute
l'humanité. Nana, la fille de Gervaise, est le "sexe divinisé", la "mouche d'or" qui s'abat depuis la Goutte-d'Or sur les beaux quartiers, la vengeresse du peuple qui "tourne au mythe sans cesser d'être femme" (Gustave Flaubert), mais qui meurt dans les souffrances les plus atroces. C'est l'Olympia de Manet transposée en littérature. À l'inverse, dans le sacrifice ou la fécondité, la femme est aussi figure idéale. Elle est dotée par son créateur-Pygmalion d'une longévité éternelle, femme-enfant toujours chaste, "un front borné de jeune déesse", comme Désirée, la sur de l'abbé Mouret, ou Angélique, la jeune orpheline du Rêve qui s'éteint à la sortie de l'église où son mariage vient d'être célébré. Femme idéalisée, c'est la femme-mère, lavée du péché originel, le "ventre sacré", telle Marianne, dans Fécondité, la "Cybèle féconde" allégorie de la république naissante. Dans l'instauration d'une société idéale utopique, c'est à l'homme-rédempteur (l'écrivain ?) que revient la mission de sauver la femme par l'éducation et l'amour, une femme que le Docteur Pascal cherche à soustraire à l'emprise de la religion et de l'Église, clefs du "détraquement" féminin. Les documents : Édouard Manet, Olympia Paul Maurou, Le Rêve Georges Bellenger, Nana au miroir Raymond Tournon, Fécondité Charles Bianchini, Messidor |