Paysagistes au travail

Honoré Daumier, 1862

Publiée dans Le Boulevard, le 17 août 1862
Lithographie, 2e état sur 2, avec la lettre. Épreuve sur blanc, 20,7 x 26,8 cm
BnF, département des Estampes et Photographie, Rés. Dc-180b (69)-Fol.
© Bibliothèque nationale de France
Entamées à la fin des années 1840, les séries de Daumier consacrées au monde de l’art se multiplient sous le Second Empire : les artistes sélectionnés ou refusés par le jury sont présents dans la série de quarante et une pièces de L’Exposition universelle, publiée dans Le Charivari, entre avril et septembre 1855. Lié avec les peintres de Barbizon, Daumier évoque souvent, non sans ironie, le travail des paysagistes sur le motif et conjugue ainsi sa connaissance des milieux artistiques contemporains à son goût pour la représentation des effets météorologiques.
 
Baudelaire, quant à lui, n’a cessé de clamer son indifférence à la beauté de la nature. Il s’en ouvre à Fernand Desnoyers dans une lettre de 1955 : « Vous savez bien que je suis incapable de m’attendrir sur les végétaux, et que mon âme est rebelle à cette singulière religion nouvelle qui aura toujours, ce me semble, pour tout être spirituel, je ne sais quoi de shocking. Je ne croirai jamais que l’âme des Dieux habite dans les plantes, et, quand même elle y habiterait, je m’en soucierais médiocrement et considérerais la mienne comme d’un bien plus haut prix que celle des légumes sanctifiés. J’ai même toujours pensé qu’il y avait dans la nature florissante et rajeunie quelque chose d’affligeant, de dur, de cruel, — un je ne sais quoi qui frise l’impudence. »