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Retour des Polo vers Venise
Ce n'est qu'en 1291 que la famille Polo s'engage sur la route du retour,
en escortant une princesse mongole, Kökedjin, destinée à devenir l'épouse
du roi de Perse. C'est un voyage périlleux puisque sur les six cents membres
de l'escorte, seuls dix-huit arrivèrent à bon port. Il s'effectue par
mer, au départ du port de Caiton -Zaitoun- ("Zayton" et "ciutiat
de Zayton") et ponctué d'escales à Sumatra ("Illa Trapobana"),
Ceylan ("Illa Jana") , sur la côte occidentale de l'Inde à Tana
et Cambay ("Cambetum"), avant de se retrouver à Curmos -Ormuz
(Insula de Ormis). De ce port, pour le commerce des épices, deux routes
s'offrent, par mer et par terre.
Le périple maritime des épices de l'Inde, à partir de Curmos -Hormuz-
("insula de Ormis", "Hormission") transite par l'île
de Scotra -Socotra- ("Insula de Lalecotra"). Comptoir important,
l'île accueille "maintes nefs avec maints marchands et maintes marchandises,
qu'ils vendent en cette île [...] Et sachez que toutes les nefs et les
marchands qui veulent aller en Aden viennent à cette île" (chapitre
CXCI). D'Aden ("Adem") les épices parviennent aux portes de
l'Occident, à Alexandrie ("Allexandria").
Le périple terrestre, après avoir quitté la mer des Indes à l'île de Chisci
-Qish- ("insula de Chis"), remonte le fleuve par Bassorah ("Basara"),
Baudac -Bagdad- ("ciutat de Baldach") puis de Tâbris ("Tauris")
aboutit à Damas ("Domasch") et à la Méditerranée. Marco Polo
s'arrête un instant pour décrire le cours du fleuve qui traverse Bagdad
: "Par la ville passe un fleuve très grand qui court à la mer devers
le midi, et par ce fleuve on peut bien aller en la mer d'Inde [...] Les
marchands qui veulent aller en Inde vont par ce fleuve jusqu'à une cité
qui a nom Chisci, et de là ils entrent dans la mer d'Inde. Toutes les
perles qui sont apportées en Chrétienté depuis l'Inde sont pour la plupart
percées à Baudac... Je vous dirai encore que sur ce fleuve, entre Baudac
et Chisci, est une grande cité qui a nom Bassora. Tout autour de la cité,
dans de grands bois de palmiers, viennent les meilleures dattes du monde"
(chapitre XXV). Les itinéraires pèlerins désignent Damas ("Domasch")
comme le point d'aboutissement des routes de caravanes. Là transitent
"des épices, des pierres précieuses, de la soie et toutes sortes
de richesses" (Guillaume de Boldensele). Marco Polo décrit également
les richesses de Tâbris ("Tauris") où "viennent souvent
nombre de marchands latins et surtout des Génois pour acheter ces denrées
qui viennent des pays étrangers" (chapitre XXIV). C'est par cette
route que les Polo gagnent sans encombre le littoral de la mer Noire pour
se retrouver à Venise en 1295. Après un exil de vingt-quatre ans.
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