Cadrages serrés, plans rapprochés
Le gros plan pourrait s'apparenter au fait de parler tout bas ou,
au contraire, de hurler. Choisir un objet afin de le photographier en
plan rapproché (en réduisant la distance qui en sépare)
ou en cadrage serré (en le coupant d'un contexte), c'est lui
accorder toute la place dans l'image. L'objet en définit le cadre
et en détermine la profondeur. Cadrer ainsi revient à
désigner un cœur. Le fond est neutralisé et sert
de faire-valoir. La photographie devient alors elle-même un objet
pris dans un échange au sein duquel ce qui est montré
supplante ce qui a été photographié. L'image vaut
pour l'objet dans une approche que le photographe souhaiterait parfois
objective, c'est-à-dire dégagée du poids de son
propre regard et de celui de l'interprétation. Toutefois, il
n'existe aucune distance absolue et purement descriptive. La confrontation
des images révèle des choix esthétiques où
se lovent étrangeté et poésie. Le vêtement
photographié par Léon Gendre évoque ainsi une mue
d'insecte en raison de son apparence et du format du cliché.
Au creux du buste de marbre dépourvu de tête se dessine
un portrait et un simple melon semble aussi imposant que l'hélice
d'un paquebot. Tout invite à spéculer sur un usage ou
une destination des objets que l'image seule ne livre pas.
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