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À Alger, Albert Camus,
critique littéraire, a salué dans les colonnes
d'Alger républicain la naissance d'un écrivain
"du talent le plus rare" après la publication de La
Nausée, puis du Mur.
De son côté Sartre n'est pas insensible à
L'Étranger. Cette même année, à
la générale des Mouches,
Camus se présente à Sartre qui, peu après,
lui demande de mettre en scène Huis
clos et d'en jouer le rôle principal. Une attitude
commune face à l'occupant les lie, Combat les
rapproche. À la demande de Camus, plus engagé
que lui, Sartre écrit des reportages sur la libération
de Paris, puis sur l'Amérique. De "fiesta" en querelle,
de réconciliation en rupture se raconte l'histoire de
cette amitié à éclipses entre deux personnalités
proches et dissemblables, écrivains, hommes de théâtre,
philosophes, journalistes, hommes politiques enfin, amitié
à laquelle une querelle au grand jour vint mettre un
terme. Aujourd'hui encore, l'opinion publique ne peut s'empêcher
de les rapprocher et de les opposer.
Quelques jours après la mort accidentelle de Camus, Sartre lui rendait hommage dans un article court, émouvant, très littéraire, un bel exercice de style. S'il semblait regretter le silence des dernières années, "trop prudent et parfois douloureux", de Camus - sans doute Sartre pensait-il à l'Algérie dont Camus ne voulait ni ne pouvait parler -, il lui reconnaissait bien d'autres mérites : "Il représentait en ce siècle, et contre l'Histoire, l'héritier actuel de cette longue lignée de moralistes dont les œuvres constituent peut-être ce qu'il y a de plus original dans les lettres françaises." (France Observateur, 7 janvier 1960 ; texte repris dans Situations IV.)
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