Encyclopédie des arts du cirque

Arts du cirque

Jules Léotard, gymnasiarque au trapèze

Photographie de Paul Emile Pesme (1826-1877?), vers 1860
BnF, Bibliothèque-musée de l’Opéra, PHOTOS PF-29
© Bibliothèque nationale de France
La quasi-nudité dans laquelle Léotard fils avait coutume de se montrer et de se faire photographier fait couler beaucoup d’encre, tant elle cause d’émois dans les gradins et les loges du cirque. Jean Marie Jules Léotard a 21 ans lorsqu’il se produit pour la première fois, moulé dans un maillot entier, qu’on appellera au XXe siècle un collant académique ou simplement un « Léotard ». C’était au Cirque Napoléon, le 12 novembre 1859. Et le souvenir de sa plastique impeccable ne s’altère pas puisqu’il meurt en pleine possession de ses moyens, alors qu’il vient de fêter ses 32 ans. Ses succès féminins font l’objet de ses Mémoires où il reproduit les pièces les plus enflammées de sa correspondance, mais aussi de nombreuses chroniques et même d’une pièce, Les Amoureuses de Léotard, publiée in extenso dans Le Figaro du 21 juin 1860.
Mais le refus de l’artiste et gymnaste de se montrer autrement que dans ce trop léger costume, qu’il a conçu, lui vaut remontrances et amendes sévères de la part de son patron, Louis Dejean, directeur des deux cirques parisiens dont il tient le haut de l’affiche en 1859 et 1860 pour le Cirque Napoléon et en 1867 pour le Cirque de l’Impératrice où il est engagé à l’occasion de l’Exposition universelle. Fort de son succès quotidien et conscient des recettes conséquentes que sa Course aux trapèzes rapporte au cirque, il refuse de faire partie de la barrière en habit d’écuyer – habit noir, pantalon blanc et noir et gants blancs –, ce qui constitue une obligation contractuelle. Par ailleurs, en juin 1860, la presse rapporte que celui que Théophile Gautier baptise « l’Antinoüs du cirque » reçoit l’injonction de porter désormais de petites culottes roses par dessus son maillot de soie de la même couleur. Une pétition, lancée aussitôt l’affront connu, réunit trois cents signatures féminines en deux heures.
 
Sources :
- Les Amoureuses de Léotard, pièce publiée in extenso sur plusieurs pages dans Le Figaro du 21 juin 1860, p. 3 et suivantes.
- Injonction à Léotard, dont quasi nudité et « les formes trop séduisantes » font des « ravages », de porter désormais de petites culottes roses sur son maillot de soie dans Le Figaro du 24 juin 1860, p. 2 (haut de la 3e col.).
- Procès avec Dejean, notamment pour ne pas endosser l’habit d’écuyer (de la barrière) dans Le Figaro du 4 octobre 1860.
- La Culture physique du 15 août 1910, p. 500.