Encyclopédie des arts du cirque

Arts du cirque

Jules Léotard, l’Homme volant

Les Mémoires de Léotard par Jules Léotard. Chez Tous les libraires (Paris), 1860
1 vol., 188 p., in-16
BnF, département des Arts du spectacle, 8-RO-16895
© Bibliothèque nationale de France
Partagée entre la sidération, l’enchantement et l’enthousiasme provoqués par les exploits de Léotard dans la présentation de ses « Merveilles gymniques » et l’indignation suscitée par le port d’un simple maillot destiné à mettre en valeur sa musculation, la société parisienne du second Empire s’enflamme et la presse s’en donne à cœur joie. Dans ses Mémoires, le créateur du trapèze volant évoque pourtant à peine l’histoire de La Course aux trapèzes élaborée à force d’entraînement dans le gymnase de la rue du Rempart tenu par son père, Jean Léotard, à Toulouse. Il s’étend par contre complaisamment sur ses succès féminins, que l’illustrateur Durandeau souligne avec jubilation. L’Homme volant, créateur du maillot qui, dans ses diverses déclinaisons s’appelle jusqu’alors « un Léotard », paie cher devant la justice ce manquement à l’académisme de mise dans l’univers des Deux-Cirques de Louis Dejean. Ses contrats se multiplient cependant sous toutes les coupoles du monde et les avantages de sa silhouette font des adeptes dans l’univers des acrobates, mais pas seulement, dans cette deuxième moitié du XIXe ou fleurissent les gymnases.
Par la rédaction de ses Mémoires l’Homme volant célébré comme un trésor national démontre à l’occasion que l’entretien de sa prodigieuse force musculaire ne l’empêche pas de savoir tenir une plume. L’ancien bachelier tourne avec élégance le moindre billet comme cette lettre dont on ne connaît pas le destinataire, un directeur de théâtre sans doute, auquel il demande deux places pour une représentation. Il explique qu’il dispose d’un peu de temps car son père, seul capable de l’assister dans son travail aux trapèzes, est souffrant.