Encyclopédie des arts du cirque

Arts du cirque

Madame Morelli (Louise, épouse Rey) et le jaguar Cartouche

Arène des fauves de l’Hippodrome de la place Clichy, saison 1904-1905
BnF, département des Arts du spectacle, 4-COL-180 (152)
© Bibliothèque nationale de France
Comme pour se démarquer de l’attitude brutale du belluaire, certains dresseurs empruntent au monde de l’équitation la notion d’« éducation » des animaux, qu’ils appliquent à l’approche des fauves. C’est particulièrement le choix de femmes qui, à la fin du XIXe siècle, ont vu dans la confrontation avec les animaux sauvages une chance de se faire reconnaître pour des qualités ordinairement dévolues aux hommes : le courage, la ténacité, la maîtrise de soi et une forme d’intelligence stratégique.
Ainsi, dans un savant dosage de calme et de fermeté, de séduction et de force, la dompteuse Mme Morelli (épouse du dompteur humoristique Henri Rey), strictement habillée d’une robe de soie noire égayée d’un collier de perles, un léger binocle sur le nez, développe sa propre « pégagogie ». Dans son traité de dressage des fauves, Frank C. Bostok, son employeur à l’Hippodrome puis dans l’une de ses « Jungles » du Jardin d’Acclimatation, la décrit comme une petite femme de caractère. Il loue sa façon de mener des léopards et des jaguars, qu’il qualifie de « sournois et cruels, toujours prêts à l’attaque », évoquant en pages 221 et 222 « son sang froid et son empire merveilleux sur les animaux les plus traîtres ». Il pense notamment aux exercices qu’elle commande à son jaguar mâle Cartouche, les yeux dans les yeux.