Dans l’Europe de la Belle Époque, les désirs d’exotisme président à la verve narrative des auteurs et au dessin de profils pittoresques.
Le transformiste italien Leopoldo Fregoli (Rome, 1867-Viareggio, 1936), prestidigitateur et comédien dans l’âme, met à profit cette curiosité des spectateurs en incarnant tour à tour des personnages qui intriguent le public des expositions universelles aux pavillons universels. Ainsi, le petit Turc, valet ou écuyer de quelque sultan ottoman, succède au mandarin et précède sans doute une diva ou l’inquiétant Méphistophélès.
Mais les charmes de l’aventure ont leurs limites et l’illusion tombe devant la réalité brute, sans trompe-l’œil, lorsqu’un camarade d’école, Giulio Vannuzzi, devenu le belluaire Marcel, formé et employé par la dompteuse française Nouma-Hawa, lui propose une formidable publicité pour son spectacle à l’affiche à Bologne en 1909. Il le convainc d’entrer dans la cage aux fauves de la ménagerie, et c’est avec une coupe de champagne à la main qu’il se retrouve en tête à tête avec Mustapha, César et quelques congénères, que « Il signor » Marcel tient en respect.
 
Source : Leopoldo Fregoli, Fregoli Raccontado da Fregoli, préface de Mario Corsi, 1936, p. 174-175.