L’homme-Protée partait en tournée jusqu’en Amérique avec 200 perruques, 400 costumes, soit 30 tonnes de matériel, pour incarner une centaine de personnages. Comme un certain nombre de prestidigitateurs, il s’était intéressé dès 1895 au cinéma, jusqu’à passer des journées dans les laboratoires des Frères Lumière. Il raconte dans ses mémoires (1936) : « Les deux savants me confièrent un appareil de projection et l’exclusivité pour mon spectacle de quelques-uns de leurs films. »
Le journaliste et auteur Jacques Richard ajoute : « Le cinématographe fut rebaptisé pour la circonstance Frégoligraph. (…) Fregoli réserva cependant à la scène les ressources de son imagination. Lui qui avait mis au point le changement de costume éclair dans les coulisses afin de pouvoir jouer à lui tout seul de petites comédies musicales où il était tour à tour impresario, chanteuse à voix, baryton d’opéra, clown anglais ou ballerine, ne comprit point que la simple mécanique du cinématographe pouvait remplacer des tonnes de matériel et des dizaines d’habilleuses. »
 
Source : Jacques Deslandes, Jacques Richard, Histoire comparée du cinéma, tome II, 1968, p. 395 et suivantes.