Dieu créateur du monde

Nicole Oresme, Livre du ciel et du monde

1377
BnF, département des Manuscrits, Fr. 565 f. 69
© Bibliothèque nationale de France
En 1377, Nicole Oresme remet au roi de France Charles V, qui le lui avait commandé, un traité d’astronomie intitulé le Livre du ciel et du monde. Il s’agit d’une traduction française du De caelo d’Aristote, assortie d’un commentaire critique. Oresme décrit les sphères solides mues par les anges, les épicycles sphériques destinés à « sauver les phénomènes », les montagnes de la Lune, la musique des sphères inaudible aux oreilles humaines, l’espace infini, demeure de Dieu au-delà du ciel des fixes… Il note que l’on ne se rendrait compte de rien si le monde s’accroissait en taille pendant la nuit. Il imagine aussi la rotation diurne de la Terre, et un lent mouvement annuel de la sphère des fixes. Dans la délicate enluminure présentée ici, les cercles célestes sont centrés sur Dieu et non sur la Terre. Par cette concavité inversée du ciel, l’artiste a peut-être voulu représenter le système de Ptolémée comme s’il était peint sur l’intérieur d’une coupole d’église. Peut-être a-t-il voulu aussi signifier que la science ne doit pas expliquer le monde, mais seulement « sauver les apparences » : la vraie nature du monde est inaccessible à l’entendement humain, tout est dans la pensée de Dieu. L’aspect matériel s’éclipse devant l’aspect spirituel, religieux, jugé beaucoup plus fondamental.