Photographier l'objet | modifier (2/2)
Albert Peignot, Radiographie de tubes de Crookes et de Geisler
Emmanuel Sougez, Bar
Raoul Hausmann, Rape à gruyère

Pierre Auradon, Tricot
Baron A. de Meyer, Glass and Shadows
Jaroslav Rössler, Poignées de porte. Surimpression

Raoul Ubac, Objets possibles
André Kertész, Nature morte
Man Ray, Rayographe (pistolet)
Transfigurations
L'habitude pose sur les choses et sur les mots une opacité qui ne permet plus de les voir vraiment. Le sentiment esthétique leur restitue une transparence et une présence si particulières que le terme "transfiguration" semble le plus à même de rendre compte de la sensation éprouvée. Il s'agit d'une redécouverte.
Sur la photographie, les objets sont là sans y être vraiment, devenus images, abstraits. Ce sont en fait certaines de leurs relations au monde qui sont données à lire. Dans la radiographie de tubes, la photographie de la râpe à gruyère, celle du tricot ou du verre, le vide, l'ombre et la trace possèdent autant d'importance que les contours qui dessinent les objets. Où s'arrête alors l'objet et où commence l'image photographique ? Bar, Poignées de porte, pistolet, Objets possibles ou Glass and Shadows débordent les limites fixées au fonctionnel pour inventer (au sens archéologique du terme) une version du monde que seul le photographe a su saisir. L'image et l'objet deviennent indissociables et le quotidien n'offre aucun véritable homologue à ce qui est photographié ici, tant l'instant, le regard posé et la pratique artistique de leur auteur et du spectateur ont fait basculer la réalité dans la poésie.

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