Les Sept Portraits

Samedi
Samedi

Dimanche
Dimanche

Lundi
Lundi

Mardi
Mardi

Mercredi
Mercredi

Jeudi
Jeudi

Vendredi
Vendredi

Lundi, détail
Lundi, détail

Vendredi, détail
Vendredi, détail

Vendredi, détail

Vendredi, détail

Achevé en 1197, ce poème de 4577 distiques est le plus réussi de ceux que composa Nezâmî. Il s’est inspiré des récits entourant la personne de l’empereur Bahrâm V qui régna sur le trône sassanide de 420 à 438.

Après la traditionnelle eulogie du prophète Mahomet, les vers à la louange de Körp-Arslan qui a commandé le poème et les conseils prodigués par Nezâmî à son propre fils Mohammad, l’histoire de Bahrâm commence par une évocation de son enfance à Hira.

Le portrait des sept princesses

Un jour, dans son palais de Khawarnaq, le jeune Bahrâm découvre, dans une salle jusque là fermée, sept magnifiques portraits qui sont ceux de sept princesses, la fille du Radjah d’Inde, celle du Khâqân, souverain d’Asie centrale et de Chine -, celle du roi de Chorasmie, celle du roi des Slaves, celle du roi du Maghreb, celle du César de Byzance et celle du roi d’Iran. On lui prédit alors que toutes lui sont destinées par les astres. Entre temps, le père de Bahrâm meurt et, à la tête de ses troupes, le jeune prince gagne la Perse. Ayant réussi à tuer les deux lions qui gardaient la couronne, il peut s’asseoir sur le trône.

Un pavillon pour chaque jour de la semaine

Après une expédition guerrière, Bahrâm décide de faire venir les sept princesses ; il fait édifier sept pavillons à coupoles. Chacun de ces pavillons correspond à une planète, édifié dans la couleur correspondant à cette planète. Tout l’ouvrage est imprégné d’astrologie. Il y a un pavillon pour chaque jour de la semaine et chacun d’entre eux correspond également à l’une des sept régions (ou « climats ») de la Terre. Tous ces symboles expriment la vision persane de l’Univers : ils sont décrits par Nezâmî avec un art consommé. Plus d’un souverain moyen-oriental, attentif lui aussi aux signes des astres, voudra se faire construire sept palais à l’instar de Bahrâm.

Sept nuits d'amour et de sagesse

La suite du récit évoque un peu, par sa structure, les Mille et une Nuits.
Le samedi, Bahrâm se tient sous la coupole noire, couleur de Saturne, avec l’indienne Fourak, fille du roi du premier climat (fol. 209) ; elle lui conte l’histoire du roi qui avait tout à coup adopté vêtements noirs et conduite austère – long récit dans lequel s’intercalent des récits secondaires – et s’unit à Bahrâm à la fin de son histoire.
Le dimanche (fol. 216) la byzantine Homây, dans le pavillon jaune et or – couleur du Soleil – raconte ce qui advint à un roi d’Irak, à la jeune fille qu’il aimait passionnément et à une vieille femme.
Le lundi (fol. 219v.), jour de la Lune dont le vert est la couleur, Nâz-Parî la Chorasmienne raconte l’histoire du chaste et noble Bechr de Roûm, les aventures de Malîkhâ, et termine par un éloge du vert, « ornement des anges », couleur appropriée aux Hourîs du Paradis.
Le mardi (fol. 223), Mars est lié au rouge, et la slave Nasrine-nouche conte qu’une princesse russe fuyait le mariage, évoque ses prétendants, une forteresse placée sur une montagne et un talisman, puis se donne à Barhâm.
Le mercredi (fol. 227v.), Mercure étant bleu turquoise, Azaryoune la Maghrébine raconte comment le bel égyptien Mâhân s’était enivré, puis, parti avec un compagnon, perdu.
Le jeudi (fol. 233v.), c’est au tour de la chinoise Yaghmâ-nâz de relater sous la coupole de santal – gris étant la couleur de Jupiter – les aventures de deux jeunes gens en voyage, Bien et Mal, leurs disputes et leurs actions contraires.
Le vendredi enfin (fol. 238v.), sous la coupole du blanc de Vénus, la persane Dorostî fait le récit d’une fête où chaque jeune femme raconte une histoire, la première étant celle du maître du jardin que ses jardiniers battent. Ayant tiré enseignement des contes des sept princesses, Bahrâm est ensuite amené à châtier le vizir qui avait été tyrannique en son absence (fol. 248v.), puis il disparaît dans une caverne au cours d’une chasse à l’onagre…


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