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- Hésiode, Les Travaux et les jours
- Platon, La République 1
- Platon,
La République 2
- Platon,
La République 3
- Ovide, Les Métamorphoses
- Apocalypse
de Jean : 4
La Jérusalem future
- Saint
Augustin, La Cité de Dieu
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Fable troisième |
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Le premier âge du monde fut
appelé lAge dor, parce que lhomme y gardait sa foi, sans y être
contraint par les lois, parce que de son propre mouvement il cultivait la Justice, et
quil ne connaissait point dautres biens que la simplicité et
linnocence. La peine et la crainte en étaient entièrement bannies ; et comme
il ny avait point de criminels, il ny avait point de supplices ni de lois qui
en ordonnassent. On nappréhendait point de paraître en la présence dun
Juge ; et tout le monde était assuré sans avoir besoin de Juge. Les pins
navaient pas encore été coupés pour être convertis en vaisseaux ; et de ces
belles montagnes, dont ils étaient les ornements, ils nétaient pas descendus dans
la Mer, pour aller voir un monde inconnu.
Les hommes ne connaissaient point dautres terres que les terres où ils étaient
nés. Il ny avait point de fossés qui environnassent les Villes, et qui les
défendissent par leur profondeur. Il ny avait point de trompettes, il ny
avait point dépées, ni de toutes ces autres armes, qui ne protègent les uns
quà la ruine des autres ; et les Peuples toujours paisibles, passaient
doucement leur vie, sans devoir leur tranquillité à la force des gens de guerre. Ainsi
la terre donnait libéralement toutes choses, sans y être contrainte par la bêche ou par
la charrue ; et les hommes satisfaits de ce quelle donnait delle-même,
faisaient leurs meilleurs repas des fruits quils trouvaient dans les forêts, de
ceux quils cueillaient dans les buissons, et du gland qui tombait des chênes. Le
Printemps était éternel, et la douce humidité de lhaleine des Zephirs entretenait
léclat des fleurs, après les avoir fait naître, sans avoir été semées. En
même temps quon avait coupé les blés, la terre en produisait de nouveaux, sans
que le Laboureur se mit en peine de la cultiver. On voyait couler partout des fleuves de
lait et de nectar ; et les forêts avaient des arbres doù lon voyait
distiller le miel. Ovide. Les métamorphoses, Traduction de Pierre Du Ryer,
Amsterdam : P. et J. Blaeu : Janssons a Waesberge : Boom ey Goethals, 1702,
574 p., Gallica n° 72208 |
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