Carl Maria von Weber (1786-1826)

Il est difficile, en effet, en cherchant dans l'ancienne et la nouvelle école, de trouver une partition aussi irréprochable de tout point que celle du Freischütz ; aussi constamment intéressante d'un bout à l'autre ; dont la mélodie ait plus de fraîcheur dans les formes diverses qu'il lui plaît de revêtir ; dont les rythmes soient plus saisissants, les inventions harmoniques plus nombreuses, plus saillantes, et l'emploi des masses de voix et d'instruments plus énergiques sans efforts, plus suave sans afféterie.

À travers chants
  

Weber est le premier musicien de son époque à posséder une vaste culture. Il écrit un roman, compose, dirige l'orchestre, organise des concerts. Sa vie, riche en péripéties, est à la mesure de son œuvre ; ses compositions sont multiples : messes, opéras, lieder, symphonies, concertos...
   
  Le Freischütz, opéra romantique
Avec son Freischütz, donné pour la première fois à Berlin le 18 janvier 1821, Weber ouvre la porte de l'opéra romantique en Europe. Berlioz découvre cet opéra, dans une version incomplète et "grossière", en décembre 1824. "Il s'exhalait de cette partition un arôme sauvage dont la délicieuse fraîcheur m'enivrait" (Mémoires, ch. XX). Cet opéra est l'expression d'un romantisme fantastique. La musique s'accompagne d'une richesse mélodique et d'un art de l'instrumentation très novateur que Berlioz reconnaît vite. Elle "est si riche... jamais de moyens réprouvés par le goût, de brutalités, de non-sens" (À travers chants)
La partition du Freischütz est "irréprochable" : "Il est impossible de trouver une mesure dont la suppression ou le changement me paraisse désirable. L'intelligence, l'imagination, le génie brillent de toutes parts avec une force et un rayonnement dont les yeux d'aigles pourraient seuls être fatigués."
En 1841, le directeur de l'Opéra demande à Berlioz d'écrire "des récitatifs afin de remplacer le dialogue parlé de l'ouvrage original". En effet, le règlement de l'Opéra interdit l'usage de la parole. Berlioz insistera pourtant sur le fait qu'il a respecté l'intention de Weber ainsi que sa partition.

Il s'enthousiasme également pour le dernier opéra de Weber, Oberon, qui est présenté pour la première fois, au Théâtre-Lyrique, en 1826 : c'est "un vrai chef-d'œuvre, pur, radieux, complet [...] Oberon est le pendant du Freischütz. L'un appartient au fanatisme sombre, violent, diabolique ; l'autre est du domaine des féeries, sonnantes, gracieuses, enchanteresses".
Mais ce qu'admire surtout Berlioz chez Weber, c'est "sa liberté absolue des formes rythmiques". Dans le Freischütz, il a donné des exemples de "phraséologies nouvelles".


> Le Freischütz analysé par Berlioz