|
Gervaise
aux prises avec la rudesse de l’existence Gervaise boite Gervaise par elle-même L'idéal de Gervaise Gervaise par Goujet |
Il la trouvait joliment courageuse, quand il la voyait
se tuer au travail, soigner les enfants, trouver encore le moyen de coudre
le soir à toutes sortes de chiffons. Il y avait des femmes pas propres,
noceuses, sur leur bouche ; mais, sacré mâtin ! elle ne leur
ressemblait guère, elle prenait trop la vie au sérieux ! Alors,
elle riait, elle se défendait modestement. Pour son malheur, elle n'avait
pas été toujours aussi sage. Et elle faisait allusion à ses premières
couches, dès quatorze ans ; elle revenait sur les litres d'anisette
vidés avec sa mère, autrefois. L'expérience la corrigeait un peu,
voilà tout. On avait tort de lui croire une grosse volonté ; elle
était très faible, au contraire ; elle se laissait aller où on la
poussait, par crainte de causer de la peine à quelqu'un. Son rêve était
de vivre dans une société honnête, parce que la mauvaise société,
disait-elle, c'était comme un coup d'assommoir, ça vous cassait le
crâne, ça vous aplatissait une femme en moins de rien. Elle se sentait
prise d'une sueur devant l'avenir et se comparait à un sou lancé en
l'air retombant pile ou face, selon les hasards du pavé. Tout ce qu'elle
avait déjà vu, les mauvais exemples étalé sous ses yeux
d'enfant, lui donnaient une fière leçon. |