Dans la période de l’entre-deux guerres (années 1920-1930), le paysage forain, qui a connu ses heures de gloire à la Belle Époque, a été profondément modifié. Les « métiers » de la Grande Banque, les ménageries Pezon ou Bidel, les théâtres d’Illusion comme Delille ou Bénévol, les théâtres d’animaux comme Corvi, font peu à peu place à des manèges motorisés. En province, les compagnies de cirque et les cinémas se disputent l’usage des semi-constructions en bois trônant sur les champs de foire. Dans la région parisienne, à la Foire aux Pains d’Épices, dans les fêtes de Neuilly ou de Saint-Cloud, sur la place du musée de Sèvres ou dans certains quartiers comme le boulevard Richard-Lenoir ou les quais, quelques cirques forains s’efforcent de monter leurs « deux-mâts », entourés de ce que Marthe et Juliette Vesque appellent des « wagons » et précédés en façade, de l’inévitable tréteau de parade surmonté d’un auvent décoré d’une guirlande d’ampoules.
Trois établissements forains principaux occupent le pavé : Lambert, Fanni et Zanfretta, qui figure sur cette image. Leurs parades ont été souvent reproduites par les photographes ou représentées par de nombreux peintres, de Georges Seurat ou Fernand Pelez à Pablo Picasso ou Fernand Léger. Celle du cirque Fanni (écrite parfois à tort Fanny) a été évoquée avec humour par une touchante danseuse façonnée en fil de fer et chiffon par le sculpteur américain Alexander Calder dans le petit cirque qu’il a créé et animé pour un aéropage d’amis à Montparnasse, dont Jean Cocteau, entre 1926 et 1929.
 
Sources :
- Journal des sœurs Vesque, en ligne sur le site du Mucem, albums n°3-11 à 8-30, (de 1922 à 1927).
- « Éclats et reflets. Le cirque transatlantique de Calder » par Pascal Jacob, in Alexander Calder, Un inventeur radical, catalogue d’exposition sous la direction de Elisabeth Hutton Turner et Anne Grace, Montréal, Musée des Beaux-Arts, 2018.