Dès l'Antiquité, les hommes ont cherché à
représenter leur territoire et à mémoriser des itinéraires.
Les Grecs vont élaborer un système de représentation
du monde et jeter les bases de la cartographie. Vers 650 avant Jésus-Christ,
Thalès de Millet conçoit déjà la rotondité
de la Terre, ce que confirmera quelques siècles plus tard Aristote
en s'appuyant sur l'image des bateaux disparaissant progressivement à
l'horizon comme aspirés par la mer.
Tout le savoir grec est résumé au IIe siècle après
Jésus-Christ par un astronome et géographe grec, Ptolémée,
né à Alexandrie. Dans la vision de Ptolémée,
la Terre ronde s'inscrit au centre de l'univers. Un quart seulement du
globe est habité, c'est l'œcoumène, isolé par
un océan infranchissable.
Au Moyen Âge, en Occident, la vision chrétienne prédomine
et les mappemondes médiévales mettent en scène une
représentation symbolique.
Elles prennent souvent la forme traditionnelle dite du "T dans l'O".
Les trois parties de la terre habitée, telles que les fils de Noé
se la sont partagée, s'inscrivent dans le O de l'anneau océanique,
séparées par un T dont la hampe figure la Méditerranée
et les branches l'une le Tanaïs (le Don), limite traditionnelle entre
l'Europe et l'Asie, l'autre le Nil, partage ordinaire de l'Asie et de
l'Afrique.
Les mappemondes arabes privilégient deux types de représentations
: l'une de la terre habitée dans la tradition de Ptolémée,
l'autre consacrée au monde musulman rassemblé autour de
La Mecque.
Les arabes, reprenant les travaux des grecs, vont faire revivre la tradition
scientifique de la cartographie.
À la fin du XIIIe siècle, une nouvelle représentation
cartographique se répand dans un contexte d’essor du commerce
maritime. Ce sont les "portulans", à la fois textes et
cartes nautiques. Peints sur parchemin, ils indiquent le nom des ports,
perpendiculairement au rivage, ainsi que les îles, abris et amers.
Les grands navigateurs espagnols et portugais vont, à la fin du
XVe et au début du XVIe siècle, élargir considérablement
les connaissances géographiques. L'Amérique apparaît
pour la première fois sur une carte du monde.
Mais bientôt l'astronomie et les mathématiques prennent
une place croissante dans la cartographie. De nouveaux instruments permettent
de mesurer les angles, de calculer latitude et longitude, d’apprécier
les altitudes avec précision.
Des techniques de projection comme celles de Mercator permettent de représenter
l'ensemble du globe en deux dimensions. C'est l'âge d'or de la cartographie
aux Pays-Bas.
Les états s'intéressent à la cartographie, notamment
pour des raisons militaires. La France au XVIIe siècle instaure
un corps d'ingénieurs géographes.
Les conflits du XIXe siècle stimulent la production de cartes
à grande échelle en Europe, puis en Afrique, en Océanie
et en Amérique du Sud parallèlement à l'expansion
de l'occident. Dans le même temps se multiplient les cartes thématiques
plaçant sur un territoire un phénomène naturel, social
ou religieux.
De nos jours, la cartographie connaît une véritable révolution.
Le développement des capteurs numériques et la multiplication
des instruments en orbite offrent la possibilité de décrire
les zones terrestres les plus inaccessibles comme l'Antarctique.
L'observation répétée d’un territoire depuis
l’espace permet, en outre, de suivre de façon dynamique de
nombreux phénomènes comme l'assèchement de la mer
d’Aral ou l’évolution de la végétation.
L’ensemble de ces mesures offre la possibilité de cartographier
par exemple le relief sous-marin et alimente des modèles mathématiques
de prévision de l’état de l’atmosphère
ou de l’océan.