Humana Fumus, dans Les Emblèmes (n° 73)
Gabriel Rollenhagen (1583-1619), Cologne, 1611.
Gravure sur cuivre, 15 × 15 cm
BnF, Bibliothèque de l'Arsenal, Ars 4 BL 4988
Publiés en Europe aux XVIe et XVIIe siècles, les livres d’emblèmes traduisent les doutes, les interrogations et les espérances religieuses de leurs contemporains en associant des images énigmatiques, semées de symboles, et des textes courts, poèmes et devises. Les différentes formes qu’y revêt la sphère – simple boule, globe terrestre muni de ses accessoires (cercles méridien et horizon), sphère cosmique (céleste ou armillaire) – guident également l’interprétation. Dans ces ouvrages, l’ambivalence symbolique du globe semble découler, des propriétés physiques de la sphère elle-même : instabilité et imprévisibilité d’une part, perfection géométrique d’autre part, qui lui valut d’être érigée en modèle de l’univers. Réinterprétées sur le plan moral, ces qualités déterminent comme l’avers et le revers d’une même médaille. Boule qui tourne, la sphère symbolise l’inconstance de l’amour, les revers de la fortune, et, plus généralement, notre monde sublunaire, voué à l’impermanence et à la mort.