En tant que créateur de mode, Christian Lacroix évoque
l'intérêt que représentent pour lui les costumes
de théâtre et les maquettes.
Enfant, je ne pensais pas à la mode mais au spectacle. Adolescent
j’en avais fait mon projet de carrière : dessiner pour
les films de Visconti, le théâtre, l’Opéra.
J’ai même songé à suivre les cours de la rue
Blanche. Je dessinais, au retour de spectacles qui m’avaient moyennement
convaincu, ma propre production. Puis les méandres de la vie
m’ont joué des tours et des détours et de futur
costumier, je me suis retrouvé futur conservateur à la
Sorbonne et à l’Ecole du Louvre, pour finir couturier.
Mais pratiquement dès mes premières collections, Jean-Luc
Tardieu avait saisi, en quelques images de mon travail entrevues à
la télévision, ce que mes collections avaient de théâtral
et m’a proposé de dessiner les costumes de son Chanteclerc
à Nantes au milieu des années 80. Puis il y a eu
la danse, de Zoopsie Comedy (Biennale de Lyon 85 ou 86) à
Karole Armitage, à l’Opéra, en passant par Baryschnikov
au Met ! Les rêves d’enfant m’avaient rattrapé.
Et le travail pour la scène est pour moi un exutoire à
toutes les fantasmagories dont la mode n’a que faire, même
si pour moi le vêtement est un outil de mise en scène quotidienne,
un élément de parure un peu rituelle, du "paraître".
Est-il besoin de dire enfin la fascination qu’opère sur
moi depuis l’enfance, l’Opéra de Paris, architecture,
bibliothèque, spectacles, ateliers, etc. ?