Encyclopédie des arts du cirque

Arts du cirque

Alexis junior, Patrick et Martine Gruss dans un Triple Jockey

Le Cirque à l’Ancienne, 1977
Photographie de Jean Villiers (1925-1997)
BnF, département des Arts du spectacle, 4-COL-180 (150)
© Bibliothèque nationale de France
Avec l’engouement des courses de chevaux venu d’Angleterre au début du XIXe siècle, se développe au cirque la technique du Jockey. Dans plusieurs versions, dont notamment Le Jockey d’Epsom et la Voltige à la Richard, elle a pour fondement une suite d’exercices de sauts d’obstacles et de voltige exécutés par un ou plusieurs écuyers qui prennent leur élan depuis la piste pour arriver debout sur le dos du cheval. Revêtus de la casaque bicolore, des bottes et de la casquette des jockeys d’hippodromes, les écuyers qui l’exécutent de manière authentique dédaignent l’aide d’un coussin (de pierre) ou d’un petit tremplin pour se propulser. La prouesse requiert une précision, une détente et une puissance musculaire considérables qui distinguent celles et ceux qui la pratiquent. Réalisés en solo, les arrivées en vol, les sauts de stick ou de baguette, les pirouettes ou les équilibres sur un pied sur le cheval au galop du Français Philippe Tourniaire, des Anglais Alfred Bradbury ou Hubert Cooke, de l’Américain Gilbert, de l’Italien Luigi Fratellini, du Franco-chinois Chotachen Courtault ou du Français Dany Renz, mais aussi de la Danoise Baptista Shreiber, de l’Italienne Diomira Magni, de l’Argentine Rosita de la Plata ou de la Hongroise Ilonka Karoly, ont marqué l’histoire de la discipline.
Sur une affiche de l’Hippodrome de l’Alma de la saison 1889 saluant une… descente en parachute, figure un même exercice de jockey réalisé simultanément dans trois pistes par Allen, Rowland et Gilbert. Particulièrement difficile à exécuter dans un parfait ensemble, le Triple Jockey est souvent travaillé et réalisé en famille par des frères ou des cousins : les Français Jean, Hippolyte et Lucien Houcke, les trois Hansels, les trois Reinsch, ou les frères Carré au XIXe siècle, Guglielmo « Willy » et Aristodemo Frediani – qui deviendra l’auguste Beby – et le petit René, élève de leur père.
Attachés à faire renaître et reconnaître le riche patrimoine du cirque équestre, Alexis Gruss, son frère Patrick et sa sœur Martine mettent au point dès les premiers temps du Cirque à l’Ancienne un triple jockey impressionnant, sans temps mort, dont Adrian écrit : « Sur un temps essoufflant se succèdent les sauts remplacés où chaque cavalier bondit tour à tour sur la monture lancée au galop, les sauts assis, les sauts debout alternatifs puis simultanés et en finale, un exploit qui est une véritable performance, le saut au drapeau où l’un des écuyers se tenant debout sur un pied sur le cheval, maintient et déploie un immense drapeau que la vitesse fait flotter derrière lui. »
Et c’est tout naturellement que, à la génération suivante, Stephan, Firmin, Armand, puis Maud Gruss selon les années, réaliseront avec leur cousin Eddy Ringenbach ou Gabrielle – Gaby Dew –, d’époustouflants quadruple ou même quintuple jockey, comme les Cristiani, les Casi, Italiens, ou les Konyot, Hongrois, dans les années 1920-1930. Enfin, dans une présentation originale sur deux chevaux, c’est à 7 que les Sobolewski de la Gonka de Moscou tiennent en haleine le public du Palais des Sports de Paris en 1965.
 
Sources :
- Histoire du jockey : rubrique « Coulisses et Secrets du Cirque », par Henry Thétard dans Le Petit Parisien du 4 juin 1933, p. 4.
- Programme de l’Hippodrome de l’Alma dans L’Album théâtral du 21 mars 1889.
- Adrian, Le Cirque commence à cheval, Paris, 1979, le Triple jockey des Gruss jr, p. 30-31.
- Ilonka Karoly, Diomira Magni, Baptista Schreiber, dans le Dictionnaire universel des Créatrices, Paris, Éditions des femmes-Antoinette Fouque, 2013.