Photographier l'objet | cadrer (3/3)
Rogi André, Savon à message
Félix Nadar, Maquettes d'hélicoptère de Ponton d'Amécourt
M. Branger, Reportage sur les débuts de l'aviation

Anonyme, Premier appareil de Nicéphore Niépce
Karl Blossfeldt, Equisetum hiemale
L. Caldesi and C°, Elgin Marbles, British Museum. Neptune

Léon Gendre, Madame Jantaud : haute couture pour enfants
Pierre Boucher, Hélice du Normandie
Raoul Hausmann, Ibiza : le melon
Cadrages serrés, plans rapprochés
Le gros plan pourrait s'apparenter au fait de parler tout bas ou, au contraire, de hurler. Choisir un objet afin de le photographier en plan rapproché (en réduisant la distance qui en sépare) ou en cadrage serré (en le coupant d'un contexte), c'est lui accorder toute la place dans l'image. L'objet en définit le cadre et en détermine la profondeur. Cadrer ainsi revient à désigner un cœur. Le fond est neutralisé et sert de faire-valoir. La photographie devient alors elle-même un objet pris dans un échange au sein duquel ce qui est montré supplante ce qui a été photographié. L'image vaut pour l'objet dans une approche que le photographe souhaiterait parfois objective, c'est-à-dire dégagée du poids de son propre regard et de celui de l'interprétation. Toutefois, il n'existe aucune distance absolue et purement descriptive. La confrontation des images révèle des choix esthétiques où se lovent étrangeté et poésie. Le vêtement photographié par Léon Gendre évoque ainsi une mue d'insecte en raison de son apparence et du format du cliché. Au creux du buste de marbre dépourvu de tête se dessine un portrait et un simple melon semble aussi imposant que l'hélice d'un paquebot. Tout invite à spéculer sur un usage ou une destination des objets que l'image seule ne livre pas.

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