Ovide,
Les métamorphoses
Autres textes du groupement :

- Hésiode
Les Travaux et les jours

- Ovide
Les Métamorphoses


- Apocalypse de Jean 
4 – La Jérusalem future


- Saint Augustin
La Cité de Dieu


- Benoît
Navigation de Saint Brendan à la recherche du paradis


- Cyrano de Bergerac
Histoire comique contenant les états et empires de la Lune


- Fénelon
Suite du quatrième livre de l’Odyssée d’Homère, ou les Avantures de Télémaque, fils d’Ulysse


- Tyssot de Patot
Voyages et avantures de Jaques Massé


- Mandeville
La Fable des abeilles


- Tiphaigne de La Roche
Giphantie


Fable troisième
Le premier âge du monde fut appelé l’Age d’or, parce que l’homme y gardait sa foi, sans y être contraint par les lois, parce que de son propre mouvement il cultivait la Justice, et qu’il ne connaissait point d’autres biens que la simplicité et l’innocence. La peine et la crainte en étaient entièrement bannies ; et comme il n’y avait point de criminels, il n’y avait point de supplices ni de lois qui en ordonnassent. On n’appréhendait point de paraître en la présence d’un Juge ; et tout le monde était assuré sans avoir besoin de Juge. Les pins n’avaient pas encore été coupés pour être convertis en vaisseaux ; et de ces belles montagnes, dont ils étaient les ornements, ils n’étaient pas descendus dans la Mer, pour aller voir un monde inconnu.
Les hommes ne connaissaient point d’autres terres que les terres où ils étaient nés. Il n’y avait point de fossés qui environnassent les Villes, et qui les défendissent par leur profondeur. Il n’y avait point de trompettes, il n’y avait point d’épées, ni de toutes ces autres armes, qui ne protègent les uns qu’à la ruine des autres ; et les Peuples toujours paisibles, passaient doucement leur vie, sans devoir leur tranquillité à la force des gens de guerre. Ainsi la terre donnait libéralement toutes choses, sans y être contrainte par la bêche ou par la charrue ; et les hommes satisfaits de ce qu’elle donnait d’elle-même, faisaient leurs meilleurs repas des fruits qu’ils trouvaient dans les forêts, de ceux qu’ils cueillaient dans les buissons, et du gland qui tombait des chênes. Le Printemps était éternel, et la douce humidité de l’haleine des Zephirs entretenait l’éclat des fleurs, après les avoir fait naître, sans avoir été semées. En même temps qu’on avait coupé les blés, la terre en produisait de nouveaux, sans que le Laboureur se mit en peine de la cultiver. On voyait couler partout des fleuves de lait et de nectar ; et les forêts avaient des arbres d’où l’on voyait distiller le miel.

Ovide. Les métamorphoses, Traduction de Pierre Du Ryer, Amsterdam : P. et J. Blaeu : Janssons a Waesberge : Boom ey Goethals, 1702, 574 p., Gallica n° 72208