Tirages
Le papier utilisé était à l’albumine et
ce, tant qu’il put en trouver dans le commerce. Atget
resta fidèle à ce papier, très courant entre 1860
et 1914, jusque dans les années 1920, où il devint décidément
impossible de trouver les fournitures, devenues par trop obsolètes.
Il se tourna ensuite vers les papiers dits « citrate » ou « aristotype », à la
surface plus brillante et à la texture beaucoup plus cassante,
et aussi vers les albuminés mats au papier plus épais,
beaucoup plus stables que les deux précédents. Ces contraintes
matérielles influèrent évidemment sur l’esthétique
de ses images : ses belles épreuves, celles qui n’ont
pas jauni, tirées sur un papier albuminé fin et souple,
ont une surface légèrement satinée et des tonalités
brun-rouge très denses, une grande finesse de détails
grâce au tirage par contact du négatif. Lorsqu’il
utilisa le papier citrate, les épreuves devinrent plus roses
dans les blancs et les demi-teintes, et très sombres dans les
noirs, beaucoup plus brillantes, mais tout aussi fines dans les
détails.
Le papier albuminé mat donne un résultat très
différent : le support semble absorber l’image, les
contours sont plus doux et les tonalités, pour la première
fois, gris noir. Ce dernier papier convient très bien à certaines épreuves
où la brume, les reflets, les lumières diffuses ont une
grande importance. Il serait intéressant de déterminer,
en comparant tous ses derniers tirages, si, ayant deux nouveaux
papiers à sa
disposition et donc un choix à faire, il sélectionna
désormais le papier en fonction des sujets.
La présentation des photographies est sans prétention
et même pauvre : les fournitures utilisées sont de
qualité très médiocre, les annotations manuscrites
sont à l’encre noire souvent diluée ou à la
mine de plomb. L’ambition d’Atget, bridée par la
faiblesse de ses moyens, apparaît plutôt dans ses légendes
rédigées d’une grande écriture penchée,
dans l’excès de majestueuses majuscules associé à l’usage
fantaisiste et incohérent des parenthèses et des soulignements.
L’identification qu’il donne des lieux et des œuvres
est très changeante selon les documents auxquels il a pu recourir :
prolixe lorsque le sujet l’intéresse ou qu’il dispose
d’une bonne référence, laconique ou inexacte d’autres
fois. On remarquera aussi son embarras à nommer des images sans
autre sujet véritable que le charme de l’endroit qu’il
distingue, et pour lesquelles il use et abuse du mot « coin ».
La qualité des tirages est extrêmement variable :
certains sont véritablement excellents, d’autres tachés
ou très jaunis ; ce qui s’explique par le fait qu’« Atget
a sans doute économisé son bain en dépassant le
nombre d’épreuves à traiter dans un volume donné ».
Le papier en haut des épreuves est le plus souvent coupé par
pliage et déchirure, plutôt que proprement rogné.
Et les marques des quatre pinces du châssis utilisé pour
maintenir le négatif sur verre pendant la prise de vue sont
visibles sur les côtés.