De la valeur d’usage à la valeur
historique
En 1910, Atget entreprend une documentation sur les moyens de transport
parisiens. Son intérêt se porte alors presque exclusivement
sur les voitures à traction animale. Il rassemble ses vues
dans un album intitulé
La Voiture à Paris.
Le sujet est traité sous la forme d’une typologie des
moyens de transport parisiens anciens et chaque voiture est précisément
qualifiée : « cabriolet », « calèche », « omnibus », « petit
omnibus », « omnibus pour voyageur », « voiture ».
Les soixante planches se concentrent sur l’objet et ne tiennent
compte, à quelques exceptions près, ni des cochers
ni des chevaux, évacuant ainsi tout élément
extérieur et anecdotique. Seul, sur ces photographies, compte
l’objet d’étude. Les traits et les lignes caractéristiques
de chaque voiture sont, dans cette mesure, parfaitement restitués.
Sur d’autres épreuves, par contre, ce sont les chargements
qui déterminent la physionomie des voitures.
Camion ou
Voiture
de laitier présentent en effet des amas de paniers ou
de bidons de lait qui façonnent des formes originales.
Ce travail intervient à un moment particulier puisque la traction
animale est alors menacée par le métropolitain (70 kilomètres
de ligne en 1910), le tramway électrique et l’apparition
progressive de l’automobile. Parmi tous ces moyens de transport
qui se côtoient alors dans les rues de Paris, Atget choisit
de s’arrêter sur les seuls vestiges du passé.
Avec cet album sur les voitures, il s’intéresse de nouveau à un
objet condamné à disparaître et renvoyant aux
modes de vie de l’ancienne ville. Sur les deux dernières
planches de l’album, il donne des indications temporelles qui
viennent appuyer sa démarche :
Le fiacre avant les
pneus et
La voiture de poste en 1905. Disparue. L’album
des voitures offre un catalogue de documents qui témoignent
de la mutation d’une valeur d’usage vers une valeur historique.