Les débuts de l'ouverture
Au XIX
e siècle les cités et les pays jusqu'alors interdits,
les terres encore vierges vont s'ouvrir à ces nations européennes
que la révolution industrielle dote d'une formidable capacité d'intervention
et de persuasion. L'intérêt pour le Japon n'est d'abord
le fait de quelques passionnés comme
Isaac Titsingh, directeur
du comptoir hollandais, dont la collection d'art japonais est l'une des
plus anciennes du genre ainsi que celle du baron de Siebold qui, d'un
premier séjour au Japon de 1823 à 1829, rapporte aussi
une documentation considérable diffusée dans toute l'Europe,
décrivant un pays riche d'une histoire et d'une culture millénaire,
habité par un peuple fier et actif, offrant un terrain d'étude
passionnante et forçant la considération.
Les expéditions américaines du commodore Perry en 1853
et 1854 déclenchent une crise fatale à l'image romantique
d'un Japon médiéval, artiste et bucolique. Le régime
autoritaire des Tokugawa, qui avait tenu si longtemps le pays à l'écart,
accepte d'établir des relations avec les puissances occidentales,
puis s'effondre sous les coups d'une noblesse hostile à la venue
des "barbares". À peine l'empereur, avec
l'aide de cette dernière, a-t-il recouvré la plénitude
d'un pouvoir confisqué par les shôguns plusieurs siècles
auparavant qu'il accélère la politique de modernisation
en s'entourant de conseillers et de techniciens étrangers. Ces
changements ne vont pas sans troubles graves ni heurts sanglants. Pour
les Européens, le tribut en est infiniment moins élevé qu'ailleurs,
par exemple en Chine. Les attaques sporadiques, les meurtres isolés
de résidents, perpétrés autour des années
1861, s'estomperont rapidement dans les mémoires. Au sein du peuple
japonais la résistance à l'effacement des traditions s'est
manifestée par des affrontements brefs et dévastateurs
entre armées des tenants de l'ordre ancien et des partisans des
réformes. Une dernière révolte, celle des samouraï,
sera écrasée en 1877.