Image imaginaire
d'après François Noudelmann
    L'image, l'imagination et l'imaginaire n'ont cessé de hanter la réflexion et l'écriture de Sartre. Fasciné par les phénomènes hallucinatoires, l'apprenti philosophe se fait injecter, en 1935, de la mescaline par son ami Lagache pour étudier de l'intérieur la production d'images délirantes et rédiger un traité sur l'imaginaire.   

Cette épreuve intime de la folie – petite déraison contrôlée qui ne peut masquer la folle pensée d'une maîtrise absolue – n'est pas sans conséquence privée, entraînant hallucinations et dépression. Mais elle donne aussi matière aux nombreuses descriptions phénoménologiques peuplant ses textes philosophiques et ses récits de fiction.
Elle s'inscrit dans une préoccupation permanente à l'égard de l'image, de sa production, de son statut, de ses effets : Sartre publie L'Imagination en 1936, puis L'Imaginaire en 1940. Et déjà en 1927, il rédige un diplôme d'études supérieures intitulé L'Image dans la vie psychologique : rôle et nature. L'étudiant Sartre s'intéresse aussi bien à l'imagination des mystiques chrétiens qu'aux délires analysés par la psychologie expérimentale. La découverte de Husserl – et principalement la distinction entre imagination et perception – le conduit à contester la définition de l'image comme chose et à mettre en valeur l'acte de la conscience imageante. Cette démarche sartrienne donne lieu à deux interprétations contraires : iconophile pour les uns, Sartre réhabilite l'image, que la tradition philosophique rejetait dans le faux-semblant, l'erreur et le sensible. Iconoclaste pour les autres, il la range du côté du néant, alors que Bergson ou Bachelard en montrent la productivité immanente, la positivité matérielle et dynamique.

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L'article intégral de François Noudelmann est publié dans le catalogue de l'exposition.