Le dossier
Boris Vian

Une œuvre aux multiples facettes

« Sachons tout… Soyez un spécialiste de tout. L'avenir est à
Pic de la Mirandole. » (Traité de civisme)

Un personnage public

Diplômé de l'École centrale, Boris Vian (1920-1959) n'exerce son métier d'ingénieur que quelques années et préfère se consacrer à la musique et à l'écriture. Il devient rapidement un personnage public, connu pour ses talents d'amateur de jazz et d'animateur de soirées à Saint-Germain-des-Prés, et pour sa réputation d'auteur sulfureux. Ses nombreux pseudonymes - « Bison Ravi », dit aussi le « Prince de Saint-Germain des Prés », ou encore « S. Culape » - témoignent de sa fantaisie créatrice comme de la variété de ses activités et de ses passions.

Sous son pseudonyme Vernon Sullivan, il rédige J'irai cracher sur vos tombes, dans le style des romans noirs américains, en se faisant passer pour le traducteur. Bien que l'ouvrage, jugé scandaleux, soit censuré, trois autres titres de Vernon Sullivan voient le jour jusqu'en 1950. L'image de l'écrivain en pâtit : après L'Écume des jours, les romans signés de son véritable nom passent inaperçus. En 1953, devant l'échec de L'Arrache-cœur, il se détourne de l'écriture romanesque au profit de la chanson, en tant que parolier, chanteur et directeur artistique chez Philips. Il crée également pour le théâtre et le cabaret.

Ses chansons, reprises encore de nos jours, ont marqué et fasciné nombre d'auteurs-compositeurs. Sa personnalité complexe – à la fois discret et rebelle, drôle et torturé – mais également sa mort brutale et spectaculaire, lors de la projection d'un film tiré de son roman J'irai cracher sur vos tombes, ont contribué à le faire entrer dans la légende.

 

Reconnaissance posthume

Son œuvre, réalisée sur moins de 20 ans, compte des dizaines de romans, des pièces de théâtre, des nouvelles, des recueils de poésie, des livrets d'opéra, des articles, des scénarios, des traductions, des centaines de chansons… Pourtant, Vian souffrira toute sa vie de ne pas la voir reconnue à sa juste valeur. Et c'est de façon posthume, grâce à quelques éditeurs passionnés, fascinés sa langue originale et son univers foisonnant, qu'elle trouvera enfin ses lecteurs. Les années 60 feront de Vian « l'un des héros de la jeunesse et peut-être le mythe le plus grand qu'ait créé le monde littéraire français au cours des vingt-cinq dernières années1». Les décennies suivantes ne feront que confirmer cette redécouverte de toutes les facettes de ses multiples talents.

1. « Vie et survie de Boris Vian », Le Magazine littéraire, no 17, avril 1968, p. 6.

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