Charles Baudelaire
Félix Tournachon, dit Nadar, vers 1850-1860
Dessin préparatoire au Panthéon Nadar (n°208 dans le Panthéon)
Dessin au fusain sur papier brun rehaussé à la gouache blanche, 21,7 x 14,5 cm
BnF, département des Estampes et de la Photographie, RÉSERVE NA-88-BOÎTE ÉCU
© Bibliothèque nationale de France
Si Baudelaire est connu dans la jeunesse littéraire bohème et est l’ami de Nadar, son œuvre majeure Fleurs du Mal ne paraîtra qu’en 1857, la même année que Madame Bovary de Gustave Flaubert, ces deux monuments de la littérature du siècle préludant à deux procès retentissants. Deux ans avant le Panthéon, Nadar avait ainsi présenté Baudelaire dans « La Lanterne magique » du Journal pour rire : « jeune poète nerveux, bilieux, irritable et irritant, et souvent complètement désagréable dans la vie privée […] des quelques rares esprits qui marchent par ces temps dans la solitude du moi, il est je pense, le meilleur et le plus sûr de sa route. »
Flaubert soutiendra Baudelaire lors de son procès et lui enverra une lettre, le 13 juillet 1857, pour témoigner de son admiration :
« Mon cher ami,
J’ai d’abord dévoré votre volume d’un bout à l’autre, comme une cuisinière fait d’un feuilleton, et maintenant depuis huit jours je le relis, vers à vers, mot à mot, et franchement cela me plait et m’enchante. Vous avez trouvé le moyen de rajeunir le romantisme. Vous ne ressemblez à personne (ce qui est la première de toutes les qualités) ; L’originalité du style découle de la conception. La phrase est toute bourrée par l’idée à en craquer. J’aime votre âpreté avec les délicatesses du langage qui la font valoir comme les damasquinures sur une lame fine.
[...]
Spleen (p. 139) m’a navré, tant c’est juste de couleur. Ah ! Vous comprenez la lourdeur de l’existence, vous ! Vous pouvez vous vanter de cela, sans orgueil.
[...]
Quant aux critiques, je ne vous en fais aucune, parce que je ne suis pas sûr de les penser moi-même dans un quart d’heure. J’ai, en un mot, peur de dire des inepties dont j’aurais un remords immédiat. [...]
En résumé, ce qui me plait avant tout dans votre volume c’est que l’art y prédomine. Et puis vous chantez la chair sans l’aimer, d’une façon triste et détachée qui m’est sympathique. Vous êtes résistant comme le marbre et pénétrant comme un brouillard d’Angleterre. »
> Lire l'intégralité de cette lettre, copiée dans le fac-similé d’un dossier établi par Baudelaire pour sa défense.
Flaubert soutiendra Baudelaire lors de son procès et lui enverra une lettre, le 13 juillet 1857, pour témoigner de son admiration :
« Mon cher ami,
J’ai d’abord dévoré votre volume d’un bout à l’autre, comme une cuisinière fait d’un feuilleton, et maintenant depuis huit jours je le relis, vers à vers, mot à mot, et franchement cela me plait et m’enchante. Vous avez trouvé le moyen de rajeunir le romantisme. Vous ne ressemblez à personne (ce qui est la première de toutes les qualités) ; L’originalité du style découle de la conception. La phrase est toute bourrée par l’idée à en craquer. J’aime votre âpreté avec les délicatesses du langage qui la font valoir comme les damasquinures sur une lame fine.
[...]
Spleen (p. 139) m’a navré, tant c’est juste de couleur. Ah ! Vous comprenez la lourdeur de l’existence, vous ! Vous pouvez vous vanter de cela, sans orgueil.
[...]
Quant aux critiques, je ne vous en fais aucune, parce que je ne suis pas sûr de les penser moi-même dans un quart d’heure. J’ai, en un mot, peur de dire des inepties dont j’aurais un remords immédiat. [...]
En résumé, ce qui me plait avant tout dans votre volume c’est que l’art y prédomine. Et puis vous chantez la chair sans l’aimer, d’une façon triste et détachée qui m’est sympathique. Vous êtes résistant comme le marbre et pénétrant comme un brouillard d’Angleterre. »
> Lire l'intégralité de cette lettre, copiée dans le fac-similé d’un dossier établi par Baudelaire pour sa défense.
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Charles Baudelaire, Fleurs du mal
© BnF, Éditions multimédias, 2021