Autoportrait de Charles Baudelaire sous l’influence du haschisch
Vers 1844-1845
Dessin à la plume et lavis, rehauts de vermillon, 21,5 × 17 cmu
Publié dans l’édition du centenaire des Fleurs du mal établie par Marcel Albert Ruff chez Jean-Jacques Pauvert (impr. de P. Dupont), 1957
Publié dans l’édition du centenaire des Fleurs du mal établie par Marcel Albert Ruff chez Jean-Jacques Pauvert (impr. de P. Dupont), 1957
© Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, 16-YE-3380
On considère que Baudelaire s’est ici représenté sous l’influence du haschisch, après avoir été initié à sa consommation au début des années 1840, chez son ancien condisciple du lycée Louis-le-Grand Louis Ménard. Baudelaire n’a toutefois jamais été grand consommateur de cette drogue, et il est probable qu’au milieu des années 1840, il ait plus assisté que participé aux fantasias de l’hôtel Pimodan.
ENIVREZ-VOUS
Il faut être toujours ivre. Tout est là : c’est l’unique question. Pour ne pas sentir l’horrible fardeau du Temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre, il faut vous enivrer sans trêve.
Mais de quoi ? De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise. Mais enivrez-vous.
Et si quelquefois, sur les marches d’un palais, sur l’herbe verte d’un fossé, dans la solitude morne de votre chambre, vous vous réveillez, l’ivresse déjà diminuée ou disparue, demandez au vent, à la vague, à l’étoile, à l’oiseau, à l’horloge, à tout ce qui fuit, à tout ce qui gémit, à tout ce qui roule, à tout ce qui chante, à tout ce qui parle, demandez quelle heure il est ; et le vent, la vague, l’étoile, l’oiseau, l’horloge, vous répondront : « Il est l’heure de s’enivrer ! Pour n’être pas les esclaves martyrisés du Temps, enivrez-vous ; enivrez-vous sans cesse ! De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise. »
Charles Baudelaire, « Le Spleen de Paris », XXXIII dans Les Fleurs du Mal, 1861
ENIVREZ-VOUS
Il faut être toujours ivre. Tout est là : c’est l’unique question. Pour ne pas sentir l’horrible fardeau du Temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre, il faut vous enivrer sans trêve.
Mais de quoi ? De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise. Mais enivrez-vous.
Et si quelquefois, sur les marches d’un palais, sur l’herbe verte d’un fossé, dans la solitude morne de votre chambre, vous vous réveillez, l’ivresse déjà diminuée ou disparue, demandez au vent, à la vague, à l’étoile, à l’oiseau, à l’horloge, à tout ce qui fuit, à tout ce qui gémit, à tout ce qui roule, à tout ce qui chante, à tout ce qui parle, demandez quelle heure il est ; et le vent, la vague, l’étoile, l’oiseau, l’horloge, vous répondront : « Il est l’heure de s’enivrer ! Pour n’être pas les esclaves martyrisés du Temps, enivrez-vous ; enivrez-vous sans cesse ! De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise. »
Charles Baudelaire, « Le Spleen de Paris », XXXIII dans Les Fleurs du Mal, 1861
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