Giorgio Sommer, en 1857, quitte sa ville natale de Francfort-sur-le-Main pour
l'Italie et ouvre simultanément un studio photographique à Rome
et à Naples. Il se spécialise dans l'album de photographies-souvenirs à destination
d'une clientèle aisée qui voyage. Dans ses albums se succèdent
les vues de villes, scènes de rues, sites célèbres et
richesses architecturales de Naples et d'autres villes d'Italie. Il photographie
aussi les ruines archéologiques de la Campanie (Pompéi) et de
nombreuses œuvres d'art conservées dans les musées.
Ses vues de Naples vont néanmoins plus loin qu'un simple album touristique.
Il arrive en effet dans une ville qui n'a guère changé depuis
la fin du XVIII
e siècle et qui va connaître
un essor considérable
par suite de l'unification italienne : croissance démographique, industrialisation,
développement portuaire. Pendant près d'un demi-siècle,
Giorgio Sommer, observateur vigilant de ces bouleversements urbains, réalise à plusieurs
années d'intervalle les mêmes prises de vue sur le port : la
strada del Molo, le quartier de Santa Lucia, la via della Marina, la piazza
del Municipio, comme pour noter les étapes successives du réaménagement
et l'apparition des nouvelles constructions. Sommer, dont
les activités photographiques connaissent une réelle expansion,
se lance dans l'acquisition de propriétés foncières
et fait même construire un hôtel particulier en plein centre
du nouveau quartier de Chiaia. Son travail photographique, documentation
considérable sur les nouveaux aménagements urbains de Naples,
vise en même temps à montrer les réalisations urbaines
de la classe bourgeoise d'entrepreneurs à laquelle il appartient.