"Si on se rapporte au dire des voyageurs, depuis longtemps aussi
les sources de l'Orénoque auraient été découverte,
et les cartes publiées jusqu'à présent feraient
croire à un pays civilisé et peuplé. Il n'en est
rien ; le pays est désert, une terreur mystérieuse règne
sur ces régions, et les Indiens ne s'aventurent jamais au-delà du
Mavaca. Ils racontent que, plus loin, les habitants sont anthropophages,
qu'ils guettent les voyageurs du haut des arbres pour les frapper de
flèches au poison foudroyant ; qu'invulnérables dans leur
chute, singes plutôt qu'hommes, ils se laissent tomber sur leur
proie pour la dévorer. Des flammes sortent de terre et toute la
contrée est semée d'horreurs.
M. Chaffanjon, après avoir réprimé plusieurs révoltes
de son escorte timorée n'a rien vu de tout cela : les rares Guaharibos
errants sont au contraire chétifs et timides, ils s'enfuient à la
première alerte, au moindre bruit, en se faufilant sous les lianes.
Quelques fumées marquent les places d'incendies locales de forêts
et rien ne peut justifier la terreur superstitieuse qu'inspire cette région,
si ce n'est l'absence absolue de données sur elle."
"M. Chaffanjon. Rapport
de M. W. Huber",
Bulletin de la Société de
Géographie,
VII
e série, 1888, p. 416.
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