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- Hésiode, Les Travaux et les
jours
- Platon, La République 1
- Platon,
La République 2
- Platon,
La République 3
- Ovide, Les Métamorphoses
- Apocalypse
de Jean : 4
La Jérusalem future
- Saint
Augustin, La Cité de Dieu
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Mais les poètes sont-ils les seuls
que nous devions surveiller et contraindre à nintroduire dans leurs créations que
limage du bon caractère ? Ne faut-il pas surveiller aussi les autres artisans
et les empêcher dintroduire le vice, lincontinence, la bassesse et la laideur
dans la peinture des êtres vivants, dans larchitecture, ou dans tout autre
art ? Et, sils ne peuvent se conformer à cette règle, ne faut-il pas leur
défendre de travailler chez nous, de peur que nos gardiens, élevés au milieu des images
du vice comme dans un mauvais pâturage, ny cueillent et ny paissent, un peu
chaque jour, mainte herbe funeste, et de la sorte namassent à leur insu un grand
mal dans leur âme ? Ne faut-il pas, au contraire, rechercher les artisans
heureusement doués pour suivre à la trace la nature du beau et du gracieux, afin que nos
jeunes gens, pareils aux habitants dune saine contrée, profitent de tout ce qui les
entoure, de quelque côté que vienne à leurs yeux ou à leurs oreilles une effluence des
beaux ouvrages, telle une brise apportant la santé de régions salubres et les disposant
insensiblement dès lenfance à imiter, à aimer la belle raison et à se mettre
daccord avec elle ?
On ne saurait mieux les élever, dit-il.
Nest-ce donc pas, Glaucon, repris-je, que léducation musicale est souveraine
parce que le rythme et lharmonie ont au plus haut point le pouvoir de pénétrer
dans lâme et de la toucher fortement, apportant avec eux la grâce et la
conférant, si lon a été bien élevé, sinon le contraire ? Et aussi parce
que le jeune homme à qui elle est donnée comme il convient sent très vivement
limperfection et la laideur dans les ouvrages de lart ou de la nature, et en
éprouve justement du déplaisir ? Il loue les belles choses, les reçoit joyeusement
dans son âme pour en faire sa nourriture, et devient ainsi noble et bon ; au
contraire, il blâme justement les choses laides, les hait dès lenfance, avant que
la raison lui soit venue, et quand la raison lui vient, il laccueille avec tendresse
et la reconnaît comme une parente dautant mieux que son éducation ly a
préparé.
Il me semble en effet, dit-il, que ce sont là les avantages que lon attend de
léducation par la musique.
Je repris : A lépoque où nous apprenions les lettres nous n'estimions les
savoirs suffisamment que lorsque leurs éléments, en petit nombre, mais dispersés dans
tous les mots, ne nous échappaient plus, et que, ni dans un petit mot ni dans un grand,
nous ne les négligions, comme inutiles à noter ; alors, au contraire, nous nous
appliquions à les distinguer, persuadés quil ny avait pas dautre moyen
dapprendre à lire.
Cest vrai.
Il est vrai également que nous ne reconnaîtrons pas les images des lettres, reflétées
dans leau ou dans un miroir, avant de connaître les lettres elles-mêmes, car tout
cela est lobjet du même art et de la même étude.
Très certainement.
Eh bien ! je dis de même, par les dieux, que nous ne serons pas musiciens, nous ni
les gardiens que nous prétendons élever, avant de savoir reconnaître les formes de la
tempérance, du courage, de la générosité, de la grandeur dâme, des vertus leurs
surs et des vices contraires, partout où elles sont dispersées ; avant de
percevoir leur présence là où elles se trouvent, elles ou leurs images, sans en
négliger aucune, ni dans les petites choses ni dans les grandes, persuadés quelles
sont lobjet du même art et de la même étude.
Cest tout à fait nécessaire, reconnut-il. Platon, La République, IVe
s. av. J.-C. |
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