La technique
La technique archaïque d'Eugène Atget est l'une des caractéristiques
de son œuvre. Le photographe en effet se servait d'une chambre
noire en bois de format 18 x 24 pourvue d'un objectif rectilinéaire
qui ne se distinguait pas beaucoup des appareils utilisés quelques
décennies plus tôt. Cela est d'autant plus étonnant
que, dès les années 1900, il était tout à fait
envisageable d'acquérir un matériel plus sophistiqué,
léger et maniable.
Le poids de son matériel, la longueur des temps de pose nécessaire à l'enregistrement
obligeaient le photographe à travailler avec un pied, ce qui
déterminait directement son mode de prise de vue. Techniquement,
il lui était impossible de faire des instantanés, c'est-à-dire
des photographies prises sur le vif du sujet. Les négatifs qu'il
plaçait au dos de sa chambre noire étaient en verre,
donc lourds et fragiles. Malgré tous ces inconvénients,
Atget obtenait des négatifs d'une très grande qualité.
À partir de ses négatifs en verre, Atget réalisait
des tirages sur du papier albuminé. Il obtenait ses épreuves
par contact direct à l'aide de châssis-presses qu'il exposait à la
lumière naturelle. Une fois l'exposition terminée, il
révélait ses épreuves et virait ses tirages à l'or.
Ce procédé avait la particularité de donner aux épreuves
des tons très chauds. Vers la fin de sa vie, Atget a utilisé des
papiers à l'“arrow-root” (papiers salés à l'amidon)
ainsi que des papiers au gélatino-chlorure d'argent.
Le système des séries
Immense, l'œuvre d'Atget n'est pas une simple succession de photographies
prises les unes après les autres. Son travail est organisé et
structuré par un système de séries, de sous-séries
et groupes mis à jour par Maria Morris Hambourg. Cette organisation
procède directement du classement qu'Atget avait choisi pour ses albums
dits de “références” tels Référence
n° 2, Saint-Cloud ou encore Vieux Paris, Référence
n° 8.
Les photographies d'Atget sont classées selon des numéros gravés
sur les négatifs et parfois inscrits au dos des épreuves. Les
séries regroupent Art dans le vieux Paris, Art dans les environs,
Paysages et documents, Paris pittoresque, la Topographie ; les sous-séries, Les
Intérieurs, les Parcs parisiens, Sceaux, Saint-Cloud, les Tuileries,
Versailles, les Costumes et art religieux ; les groupes, Vieille France,
Les Voitures et La Zone.
À l'intérieur de cette distribution viennent s'ajouter les
albums construits sur un projet d'édition et dans lesquels prédomine
une cohérence thématique. Ce classement est donc basé sur
une distinction de sujets et non, comme d'autres photographes ont pu le faire,
sur une distinction de dates ou encore de lieux. Ce système parfois
un peu complexe permet cependant de comprendre la manière dont Atget
envisageait son travail comme un projet global.