On a parfois nié à la Renaissance son statut de "temps nouveau", préférant voir un continuum presque insensible entre le Moyen Âge et le XVII
e siècle. La rupture, dit-on, n’aurait pas eu lieu. On s’est gaussé de cette articulation qui ferait commencer une nouvelle ère à la chute de Constantinople, en 1453. Pourtant, force est de reconnaître qu’en matière de jeux "de société "un changement profond s’opère aux XV
e et XVI
e siècles.
Le renouvellement et l’accroissement des pratiques ludiques entre 1400 et 1600 sont si nets qu’on ne peut les passer sous silence. Si le jeu de cartes devance la troupe des jeux nouveaux,
blanques et loteries, dames et
jeu de l’oie, sans oublier les mutations affectant certains jeux plus anciens –
échecs ou
trictrac – constituent un puissant phénomène de société. Beaucoup de ces apports nous viennent d’Italie.
Alors que les pratiques se complexifient, avec l'édiction de règles et la publication de manuels, des comportements nouveaux apparaissent dans la rue comme dans des lieux clandestins. En même temps, on assiste aux débuts d'une professionnalisation de l'économie, avec une "commercialisation" des jeux : nouveaux métiers tels les cartiers ou les tabliers, éditions de manuels, exploitation des jeux d'argent dans des maisons de jeux, premiers impôts sur les jeux.