Nous nous proposons de renfermer dans une suite de discours
historiques l’ensemble de la géographie ancienne et moderne,
de manière à laisser dans l’esprit d’un lecteur
attentif l’image vivante de la terre entière, avec toutes
ses contrées diverses et avec les lieux mémorables qu’elles
renferment, et les peuples qui les ont habitées ou qui les habitent
encore. Cette tâche paraît immense, si nous considérons
combien de détails variés il faut réunir dans un
tableau de peu d’étendue ; ce dessein paraît
même téméraire, si nous réfléchissons
sur la nature des matières que nous devons traiter ; (…)
Nous nous sommes dit : La géographie n’est-elle pas
la sœur et l’émule de l’histoire ? Si l’une
règne sur tous les siècles, l’autre n’embrasse-t-elle
pas tous les lieux ? Si l’une a le pouvoir de ressusciter
les générations passées, l’autre ne saurait-elle
fixer, dans une image immobile, les tableaux mouvants de l’histoire,
en retraçant à la pensée cet éternel théâtre
de nos courtes misères, cette vaste scène jonchée
de débris de tant d’empires, et cette immuable nature toujours
occupée à réparer par ses bienfaits les ravages
de nos discordes ? Et cette description du globe n’est-elle
pas intimement liée à l’étude de l’homme, à celle
des mœurs et des institutions ? N’offre-t-elle pas à toutes
les sciences politiques des renseignements précieux ; aux
diverses branches de l’histoire naturelle un complément
nécessaire ; à la littérature elle-même
un vaste trésor de sensations et d’images ?
Introduction du Précis
de Géographie Universelle de Conrad Malte-Brun
(réédition de 1868).