"L'appartement de la reine était la répétition
de la salle d'attente ; seulement un voile tendu dans le fond séparait
la couche de son Altesse de la partie où nous fûmes reçus,
comme dans une salle du trône. Jumbe-Souli siégeait effectivement
sur un fauteuil élevé, ayant un coussin sous les pieds,
flanquée à droite de sa vieille nourrice, à gauche,
d'une confidente ou d'une esclave. Cette reine d'un petit royaume était
drapée dans une étoffe turque tissée soie et or
qui l'enveloppait tout entière. Sa main assez fine, était
seule visible ; mais malgré le masque en forme de diadème
qui recouvrait sa tête, on devinait, grâce aux larges ouvertures,
tout l'ensemble de ses traits ; ses yeux, du reste pleins d'un doux éclat
mélancolique, nous regardaient de temps à autre, et sa
bouche un peu molle, à la lèvre tombante, accusait une
femme abattue et d'une santé ruinée par le climat et les
exhalaisons morbides du rivage.
Jumbe-Souli paraît plus âgée qu'elle ne l'est, et, lorsque
je la vis au jour pour reproduire ses traits, je lui donnai trente-cinq
ans au moins, tandis qu'elle n'en a que vingt-huit."
Désiré Charnay, "Madagascar à vol
d'oiseau", Bulletin de la Société de géographie,
V
e série, 1864, p. 231.
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