L’année 1875 est marquée également
par le premier don spontané depuis Charnay – en 1861 – de
photographies à la Société de géographie, don
qui inaugure un mouvement désormais régulier. L’explorateur
allemand Gerhard Rohlfs offre le 7 avril 1875 un album de photographies
du désert de Libye prises par Philipp Remelé en 1873 et 1874.
Dans le sillage de Rohlfs, les Sahariens Victor Largeau en 1877, François Élie
Roudaire et Fernand Foureau en 1880 envoient ou déposent des clichés
pris lors de leurs missions. Une décision de la plus haute importance
clôture
l’année 1875.
L’explorateur américaniste Alphonse Pinart informe la Société de
géographie par courrier de Washington qu’il a rencontré le
géologue américain Ferdinand Vandeveer Hayden et obtenu de
lui l’envoi pour la Société de l’ensemble des
publications produites dans le cadre de sa mission à travers l’Ouest
américain.
Un premier album de photographies prises par William Henry Jackson
dans la région de Yellowstone est envoyé par Hayden
dès 1876. En 1877, c’est au tour du major
John Wesley Powell de faire don d’un ensemble de neuf grandes épreuves
photographiques de la province de Tusayan prises par John Hillers
et représentant des habitations des Walpi.
Ces photographies, exposées dans la salle lors de la séance
du 17 janvier 1877, retiennent l’attention de toute l’assistance.
Les rivalités sur le terrain entre les responsables des missions
de l’Ouest américain se retrouvent dans leur générosité à l’égard
de la Société de géographie. Trois albums de
photographies de la mission Wheeler à l’ouest du 100e méridien
et trois de la mission King le long du 40e parallèle
sont envoyés.
Au cours du dernier quart du siècle, la
bibliothèque de la Société de géographie
s’enrichit de centaines de volumes, rapports, atlas et reçoit
près de trois cent cinquante vues stéréoscopiques
et autant d’épreuves photographiques grand format. L’exploration
de l’Ouest américain, œuvre scientifique de premier
ordre, passionne la Société, qui suit presque pas à pas
l’avancée des missions, au rythme des rapports et des
résultats envoyés régulièrement par Ferdinand
Hayden ou George Wheeler, membres correspondants de la Société.
1875, enfin, c’est l’année où est organisée
la première conférence illustrée par des projections
photographiques.
Léon Lemuet, un photographe normand qui sera un des donateurs les
plus fidèles, avec plus de cinq cents clichés, fait en 1880
un premier don d’une soixantaine de photographies. Membre de la Société de
géographie depuis 1874, Lemuet est également inscrit à la
Société française de photographie (SFP) et fait partie
de ce petit groupe de personnes qui participent à la vie des deux
institutions. C’est dans ces années que se nouent des contacts
plus étroits entre les deux sociétés. Le bulletin
de la SFP est reçu systématiquement à la Société de
géographie à partir de 1875.
Alphonse Davanne, président de la Société française
de photographie en 1876, devient la même année membre de la
Société de géographie, qu’il sollicite à plusieurs
reprises pour participer à des expositions internationales de photographie.
Il sera donateur de plusieurs de ses propres épreuves mais également
d’un remarquable ensemble de photographies prises en Corse par Miguel
Aleo en 1865.
Le colonel Aimé Laussedat, membre de la Société de
géographie depuis 1871, très actif dans la commission
centrale, est connu pour ses travaux sur l’utilisation de la
photographie pour la construction des cartes mais également
pour ses conférences au conservatoire national des Arts et
Métiers dont il est directeur de 1881 à 1900. Certaines
personnalités resserreront particulièrement ces liens,
comme l’astronome Jules Janssen successivement président
d’honneur de la Société française de photographie
de 1891 à 1893 puis président de la Société de
géographie en 1895, ou bien encore le prince Roland Bonaparte,
qui cumulera la présidence des deux sociétés
de 1920 à 1922.
Le 2 septembre 1878 a lieu l’inauguration de l’hôtel
de la Société de géographie au 184,
boulevard Saint-Germain. Ce nouveau bâtiment, construit sur
cinq niveaux, permet de disposer désormais de locaux plus vastes
pour l’installation des collections de la bibliothèque,
d’espaces pour l’organisation d’expositions
de photographies et d’une grande salle pour les réunions
et les conférences avec projections.