Un abrégé des siècles passés
Pour reconstituer le vieux Paris, Robida choisit la juxtaposition et
le mélange. Il désire avoir ainsi « un abrégé du
Paris des siècles passés, du Paris de l’histoire,
mais d’un Paris pittoresque et grouillant, avec tout le mouvement
et le charme de la vie ». Défendant le projet, G. de
Wailly remarque et souligne à quel point « ce vieux
Paris est une fantaisie géniale, un poème de pittoresque
et d’effet ; mais c’est en même temps un document
de premier ordre […] [une] reconstitution, très réelle
et très exacte, une œuvre d’art incomparable ».
De même, la Commission municipale du vieux Paris, qui a participé activement à la
réalisation du projet, salue le résultat.
Au contraire de ces éloges, certains observateurs comme Émile
Goudeau et Henri Paillard s’indigneront du grotesque de la reconstitution
et du traitement réservé au document, cette notion sacrée
que les historiens élaboreront dans la seconde moitié du
XIXe siècle : « Tourelles, églises,
halles, porte Saint-Michel, place du Pré-aux-Clercs, maison aux
Piliers, […] hôtel d’Harcourt. Et allez donc. Des gens
moyenâgeux, quoique vêtus en mousquetaire, promenant des justaucorps
rouges de hallebardiers du XVIe siècle,
s’abouchent avec
des demoiselles du XIIIe siècle. Les chanteurs de Saint-Gervais
psalmodient du Palestrina sous l’œil de Mérodack, le
pitre des cathédrales. » À force de voir le vieux
Paris comme un décor, les évocations des siècles passés
ont fini par produire une vraie mascarade de l’histoire. Après
plus d’un demi-siècle d’évocation de la ville
ancienne, même G. de Wailly finit par être « saturé de “vieux
Paris” ».