Arthur

Les Mille et une nuits

par Annie Vernay-Nouri

« Et l'aube chassant la nuit, Shâhrâzâd dut interrompre son récit ».

Un texte multiforme

 

C’est autour du conte-cadre d’origine indienne que s’organise le récit et que s’agrègent les différents contes. Le roi Sharyar, découvrant que sa femme l’a trompé avec un esclave noir, décide de se venger de l’inconstance féminine en exécutant, chaque matin, la jeune vierge avec laquelle il aura passé la nuit. Aidée de sa sœur Dinârzade, Shéhérazade, la fille du vizir invente un stratagème qui va lui sauver la vie. Grâce à ses talents de conteuse, elle relate chaque soir une histoire dont elle ne dévoile pas la fin. Tenu en haleine durant mille et une nuits, le roi finit par la gracier. Intelligente et cultivée, Shéhérazade, devenue symbole de la féminité sauve par le pouvoir de sa parole l’espèce humaine du despotisme masculin.
Véritable pivot du recueil, ce schéma narratif permet d’enchaîner à la suite histoires merveilleuses, contes, récits de voyages, romans d’amour, épopées guerrières, fables et  récits édifiants puisés dans le patrimoine indien, arabe, persan, égyptien et même hellénique.  Ces récits gigognes, emboités les uns dans les autres, se juxtaposent au long des siècles. 
Leur transmission est écrite et non orale comme on le dit souvent. Ils sont écrits dans une langue qui n’est pas purement classique avec des tournures dialectales mais contiennent de nombreux vers des plus grands poètes. Les manuscrits circulent dans les milieux lettrés mais servent aussi de base aux conteurs qui, selon leur fantaisie, ajoutent ou retranchent des histoires.

Deux contes célèbres

 

Les deux contes les plus célèbres des Mille et une nuits l’« Histoire d’Ali-Baba » et  l’ « Histoire d’Aladdin » ne faisaient pas à l’origine partie du recueil des Nuits. Lorsqu’Antoine Galland achève la traduction des trois volumes arabes en sa possession, il rencontre au printemps 1709 le Syrien Hannâ Diyâb de passage à Paris. Il lui fait raconter des histoires dont il note la trame dans son journal. A partir de là, à la manière des conteurs arabes, il  développe les contes, les réécrit en français sans néanmoins en modifier le scénario. Il prétend les avoir traduit à partir d’un manuscrit fourni par Diyâb. Cette supercherie prend une nouvelle dimension lorsque Michel Sabbagh (1775-1816), un érudit libanais installé à Paris, forge à partir des manuscrits conservés à Paris un nouveau manuscrit qu’il prétend avoir rapporté d’Iraq et dans lequel il traduit en arabe les contes ajoutés en français par Galland.
Focalisés sur un seul héros et utilisant largement les ressorts des contes merveilleux (le tapis volant, la lampe magique…), ces dernières histoires ont assuré le succès du recueil dans le monde entier et ont fait l'objet de beaucoup d'éditions pour la jeunesse.
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