« Trois "glissements" vont faire de la lecture hypertextuelle (dans les discours, sinon toujours dans les pratiques) le modèle de la "nouvelle lecture" du cybermonde, mise à la portée de tout un chacun. Tout d'abord, l'ensemble des données consultables sur le réseau va être considéré comme un gigantesque corpus, une hyperbase, à partir du moment où des moteurs de recherche et des répertoires vont permettre de naviguer dans l'océan du cyberespace au lieu de s'en tenir à une seule base textuelle, fût-elle aussi riche que Xanadu. Naviguer à la recherche de références intéressantes ne concerne donc plus seulement le lecteur de haut niveau : la navigation se met à la portée de n'importe qui désire se constituer une bibliothèque personnelle, par plaisir ou par nécessité, et sait cliquer sur une souris. La création des liens n'a donc pas à obéir aux impératifs d'un projet scientifique, mais seulement aux intérêts actuels de lecteurs singuliers. Enfin, celui qui a constitué sa bibliothèque enrichie de tous ses liens peut généreusement la mettre à la disposition d'autres lecteurs : sa bibliothèque numérique fera partie des sites que les moteurs de recherche proposeront aux amateurs. »
Anne-Marie Chartier et Jean Hébrard, Discours sur la lecture, BPI-Centre Pompidou/Librairie Arthème Fayard, 2000