Petits métiers et habitants
Sur la scène de ce théâtre urbain, Atget photographie
l'activité du commerce de la rue (petits métiers, boutiques, étalages,
etc.).
La série des petits métiers d’Atget, commencée
en 1897, s’inscrit dans une longue tradition iconographique qui s’affirme
comme un genre, et à l’intérieur duquel nous distinguons
deux types de productions différentes. L’une est d’origine
populaire (la production des graveurs de la rue Saint-Jacques par exemple),
l’autre relève davantage des grandes suites d’auteurs
(
Abraham Bosse,
Bouchardon, etc.). Certaines photographies de petits métiers d’Atget
présentent des analogies formelles et structurelles avec ces dernières.
Seulement, le photographe ne se contente pas de réinterpréter
cette tradition, il réussit à inventer un nouveau style
documentaire. Chez Atget, en effet, le petit métier ne se réduit
pas au seul motif pittoresque que le folklore du XIX
e siècle avait
mis à la mode, mais intègre celui-ci dans son environnement
proche.
Après avoir photographié les petits métiers, Atget
s'intéresse aux étalages, aux boutiques et aux marchés.
Ces activités présentent pour lui des aspects qui participent à la
morphologie générale du vieux Paris. Ainsi, les marchandises
exposées sortent du cadre strict de la boutique, débordent
sur les trottoirs. Les kiosques, notamment, deviennent chez Atget des formes
anthropomorphiques qui rappellent les marchands ambulants photographiés
quelques années plus tôt, et s'opposent au nouveau développement
du commerce que sont les grands magasins de la ville haussmannienne.