L’idée de rassembler en collections ces cartes et ces atlas ne naît cependant que vers le milieu du XIX
e siècle, au moment où on porte, plus généralement, un nouveau regard sur les cartes anciennes. Celles-ci, sous l’impulsion conjuguée de disciplines en plein essor, la géographie et les sciences historiques (archéologie et philologie), sont désormais assimilées à des vestiges archéologiques dont on sollicite le témoignage historique. Ainsi, dans la première étude sur l’
Atlas catalan (1841), on emploie l’expression « restaurer le monument » pour désigner l’étape d’identification des toponymes. La vogue romantique du Moyen Âge va tout naturellement guider les historiens vers la production de cette période si bien que les premiers recueils de fac-similés de cartes anciennes, qui paraissent dans les années 1840 et 1850 (Santarém, Jomard, Lelewel, Kunstmann), rassemblent mappemondes médiévales et cartes portulans.
Pourquoi les portulans deviennent-ils alors l’objet de prédilection de nombreux historiens de la cartographie ? Plusieurs facteurs entrent en ligne de compte. Nées au Moyen Âge, ces cartes où l’on reconnaît une image cohérente de la Méditerranée au regard des critères d’évaluation modernes, sont considérées comme les premières « œuvres de la géographie positive » – comme le souligne Vivien de Saint-Martin en 1873 –, très loin des mappemondes dont le symbolisme fait naître bien des perplexités. Elles rassurent et encouragent donc une génération de géographes à la recherche de ses racines.