Les monuments d'Angkor
L’ensemble monumental d’Angkor, signalé par un
missionnaire, le père Chevreuil, à la fin du XVII
e siècle,
devient un haut lieu de l’archéologie d’Extrême-Orient à partir
de l’établissement du protectorat sur le Cambodge, en
1864. Ce statut se traduit par des travaux plus méthodiques
et le marquis de Chasseloup-Laubat, ministre de la Marine et président
de la Société de géographie, soutient l’expédition
d’exploration du Cambodge dirigée par Doudart de Lagrée,
pour laquelle un photographe, Émile Gsell, réalise en
1866 les premières photos du temple d’Angkor,
mais l’ampleur du site va justifier d’autres missions.
En 1887-1888, le projet de Lucien Fournereau est financé par
le ministère de l’Instruction publique et des Beaux-Arts.
Fournereau, architecte, inspecteur des Travaux publics à Saïgon,
a l’expérience de la photographie d’inventaire et
des enquêtes de terrain. Il dispose pour sa mission dans le secteur
d’Angkor de moyens importants en matériel et en personnel.
Des instructions précises lui ont été données
par Louis Delaporte, qui a la responsabilité des collections
d’art khmer au musée du Trocadéro.
En 1889, dans un article conséquent du Bulletin de la Société de
géographie, « Les ruines khmers du Cambodge siamois »,
Fournereau détaille les différentes étapes de cette
mission et son bilan matériel : un grand nombre de moulages,
des pièces originales, de nombreux relevés ou plans et
quatre cents plaques négatives. La
collecte iconographique s’ajoute aux tâches plus classiques
de l’archéologie : « Lorsque le soir je rentrais
harassé au
campement, la partie la plus rude de mon labeur n’était
pas encore accomplie : il fallait dans une atmosphère brûlante,
harcelé par le bourdonnement et les piqûres des moustiques,
développer mes clichés photographiques du jour, et ce n’est
qu’après avoir achevé cette besogne que je pouvais
prendre un repos bien mérité. »