Photographie et projet - Photographie et temporalité
À une époque où la croyance dans le
progrès est communément partagée, il est significatif
pour les géographes et les explorateurs d'accompagner et de documenter
les changements apportés par les grands projets. Les porteurs
de ces projets, comme Ferdinand de Lesseps, font
figure
de héros.
Deux types de projets sont représentés dans l'exposition :
les chemins de fer transcontinentaux et les canaux entre deux mers.
La construction du canal de Suez et son trafic sont documentés par
Hippolyte Arnoux , dans les années 1870-1890. Résidant à Port-Saïd,
il aménage un laboratoire dans un bateau pour couvrir le chantier.
Sans qu'on sache précisément les liens qui le lient à La
Compagnie de Suez, celle-ci détient un grand nombre de ses photographies
qu'elle présente avec celles des frères Zangaki à l’exposition
universelle de Paris en 1889. Des photographies extraites de plusieurs
albums déposés aux Archives nationales par l’Association
du souvenir de Ferdinand de Lesseps et du canal de Suez ont été exposées
par les Archives Nationales en 1996-1997 et ont donné lieu à un
catalogue (
Hippolyte Arnoux : photographe de l'union des mers, Paris,
Centre historique des Archives Nationales, 1996).
ACTIVITÉLire la description du projet
du canal de Suez sur le site
France-Diplomatie et
visionner le diaporama de l'exposition sur Ferdinand de Lesseps, puis analyser
l'image. Comment est composée cette image qui présente
un résumé de
la documentation du canal de Suez par Hippolyte Arnoux ? Relever les
différents
types de vignettes, leur légende ? En quoi cette image fonctionne-t-elle
comme un hymne à la gloire de Ferdinand de Lesseps et du Canal ?
Quelle peut être la fonction de la photographie, notamment pour les investisseurs
qui ne peuvent se rendre sur place pour suivre l'avancée des travaux
ou la réussite du projet, pour la publicité du projet et de sa
réalisation ? Hippolyte Arnoux n'est pas le seul artiste à s'intéresser
au canal : Eugène Fromentin (
Carnets
du voyage en Egypte, Paris, Gallimard La Pléiade, 1984), Jean-Léon
Gérôme, Charles de Tournemine sont présents à l'inauguration
en 1869 ; Eugène Bourgeois, Édouard Riou, Narcisse Berchere,
François Barry peignent le canal de Suez (voir le site de l'
Association
Lesseps.
sites à consulter
France-Diplomatie
Association
Lesseps
Analyser le cadrage et la composition des trois photographies : la
ligne d'horizon, la perspective du canal, l'activité sur
les berges et le trafic sur le canal ; le point de vue du photographe.
En quoi ces photographies documentent-elles le canal ? En quoi
le valorisent-elles ?
Pourrait-on dire que ces quatre images sont des images de propagande ? Pourquoi ?
Après avoir lu la description du projet du canal de Panama sur le
site
France-Diplomatie,
analyser les photographies d'Armand Reclus et d'A. Blanc en s'arrêtant
plus particulièrement sur la mise en scène des machines et
du chemin de fer par les photographes. Quels aspects du rapport de
l'homme à la
nature mettent-elles en évidence ?
À travers la documentation d'un projet, les photographes
tentent d'introduire certaines temporalités dans leurs photographies. À l'arrêt
du temps qui caractérise la photographie, ils essaient de substituer
le mouvement, de capter le temps de la transformation, d'où la
focalisation sur le trafic ou les travaux. Mais la datation imprécise
des photographies montre, surtout dans le cas d'Hippolyte Arnoux, que
la documentation de l'avancée des travaux n'est pas leur préoccupation
majeure. L'objectif est plus large, centré sur la documentation
du progrès, de l'avancée technique qui rendent l'homme
capable de maîtriser la nature et de la plier à ses ambitions
de maîtrise du monde.
Peut-on encore aujourd'hui "lire" ces photographies dans la même
perspective d'avenir, même si dès la fin du XIXe siècle,
les photographies prenaient un sens différent à la suite
de la faillite et de la mise en liquidation judiciaire de la Compagnie
Universelle du Canal Interocéanique de Panama ?