Il paraît plus juste, pour ordonner cet ensemble,
au-delà de la nature morte, de mettre en valeur des critères
plus proprement photographiques, reposant sur le cadrage, la confrontation
volontaire ou non des objets entre eux, la juxtaposition, l'accumulation,
les séries. Ainsi, pour suivre cette logique et rendre compte
de l'inspiration et de la diversité de la production photographique,
peut-on mêler les œuvres construites par l'œil de Nadar ou d'Atget
à des images anonymes et à des documents techniques.
On prend ainsi le risque de confronter les images voulues par des artistes
et celles dont la beauté est peut-être baudelairienne –
"le beau est toujours bizarre" – ou surréaliste –
"magique-circonstancielle" comme dit d'André Breton (
L'amour
fou) ou relève tout simplement, par des qualités formelles
diverses, de la "beauté documentaire" qu'a décrite récemment
l'historien de la photographie Quentin Bajac. Cette démarche
rejoint ainsi l'analyse spécifique des images photographiques
développée par des auteurs et des connaisseurs comme Peter
Galassi, Michel Frizot et Pierre Apraxine ou dans l'exposition organisée
en 1989 par le musée d'Orsay et la Bibliothèque nationale
de France,
L'invention
d'un regard.