Les deux artistes, au moment ou fut réalisée la série du
Rêve d’Icare étaient aux prises avec un chantier de rénovation d’importants corps de bâtiments sur les monts du Beaujolais, lieu de vie et de travail auquel ils ont donné le nom de
Terres de Ciel. Le sentiment de la lourdeur, de la lassitude, de l’immersion dans une matière indocile, envahissante, n’est pas étranger à cette obsession de l’informe et du plâtreux.
On notera cependant que, dans ce théâtre souvent mortifère, l’idée de la renaissance domine l’organisation des triptyques. Le thème de la
résurrection des morts s’impose d’autant plus que certains gisants évoquent une figure christique. Parfois, on s’imagine traverser toute l’histoire de la statuaire, des effigies royales égyptiennes aux bras croisés sur les épaules jusqu’à l’expressivité baroque d’un corps tordu sous les voiles, les pieds croisés comme sur un crucifix, mais vivant. Dans nombre de scènes s’esquisse ainsi la possibilité d’une victoire sur l’empire du boueux.