Dans le cadre de l’Année polaire internationale,
onze pays européens associés aux États-Unis se proposent
de coordonner leurs recherches en vue d’étudier simultanément
les phénomènes géodésiques autour des pôles.
C’est au cap Horn que la France accomplit sa mission. Le 17 juillet
1882, cent quarante personnes appareillent à bord de la Romanche ;
elles passeront sept semaines dans le Sud de la Terre de Feu, une région
sauvage encore méconnue. Début septembre, le bateau
mouille dans la baie Orange, à quarante kilomètres du cap
Horn. Les hommes constituent deux équipes : l’une restera à terre
et se chargera des études astronomiques, météorologiques,
botaniques et zoologiques ; l’autre longera les côtes,
cantonnée
aux observations hydrographiques et cartographiques.
Alors que la mission scientifique débute, les opérations
menées intriguent les autochtones, les Indiens yahgan. Mus par leur
curiosité, ceux-ci surmontent leur timidité et se rendent
dans le campement français ou sur la Romanche. Par de menus cadeaux
comme des biscuits ou des vêtements, les Français commencent à tisser
des liens avec les indigènes. Ils n’ont pas reçu l’ordre
d’effectuer des études ethnographiques et anthropologiques ;
celles-ci vont pourtant s’imposer à eux ! Initialement réservés
aux loisirs, les appareils photographiques vont se révéler
de précieux instruments pour l’étude de cette ethnie.