Robert Owen,
New state of society
Autres textes :

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Théorie des quatre mouvements et des destinées générales


- Saint-Simon et Thierry
De la réorganisation de la société européenne


-Robert Owen
New state of society


-
Charles Fourier
Le Nouveau Monde industriel et sociétaire


-
Étienne Cabet
Voyage et aventures de Lord William Carisdall en Icarie


-
Karl Marx et Friedrich Engels
L’idéologie allemande


-
Victor Hugo
Paris.


-Samuel Butler
Erewhon ou De l’autre côté des montagnes

-Charles Renouvier
Uchronie

-
Jules Verne
Les Cinq Cents Millions de la Bégum


- Villiers de L’Isle-Adam
L’Ève future

- William Morris
Nouvelles de nulle part ou Une ère de repos

- H.G. Wells
La Machine à remonter le temps

- Émile Zola
Travail


Un systme social rationnel

Au lieu [des] institutions et pratiques insensées, compliquées, et contradictoires, qui émanent toutes d’un petit nombre de fausses idées fondamentales sur l’humanité, il faut d’autres arrangements et dispositions, à savoir :

1. Que les connaissances et l’expérience de l’espèce humaine soient rassemblées et concentrées, afin de donner une direction avantageuse à toutes les forces et puissances, manuelles et scientifiques, qui ont été accumulées dans les siècles passés ;
2. Que ces pouvoirs soient partout concentrés pour produire la plus grande quantité de la richesse la plus précieuse, avec le moins de travail manuel malsain ou désagréable, avec le moins de perte de temps et de capital possible ;
3. Que les pouvoirs artificiels et scientiques soient employés, de la manière la plus étendue, dans les arrangements domestiques, aussi bien que dans tous les autres départements sociaux ;
4. Que tout ce qui est inférieur, dans toutes les dispositions sociales, soit remplacé par ce qui est supérieur. Ainsi, il n’y aura rien d’inf érieur dans la culture du sol , dans le logement, dans la préparation des aliments et des vêtements ni dans l’éducation et formation du caractère des hommes et des femmes ;
5. Que les richesses produites soient conservées et distribuées de la manière la plus avantageuse pour tous ;
6. Que le gouvernement local et général soit conforme à ce nouvel état supérieur d’existence, dans lequel il y aura peu de choses à faire pour préserver l’unité des différentes parties de la société, et assurer le bien-être progressif de tous ;
7. Que l’éducation et la condition soient aussi parfaits que le permettra la somme des connaissances et moyens, et que la seule division soit celle de l’âge ; aux enfants, le service ; aux adultes, la production, conservation et distribution des richesses ; aux vieillards, le gouvernement et la jouissance des loisirs ;
8. Que tous soient aussi toujours employés dans des occupations actives et attrayantes, à avancer le bonheur et l’amélioration de la société, sans avoir égard exclusivement à soi. Le bonheur de chacun sera ainsi constamment assuré sans lutte, et mille fois augmenté ;
9. Cette manière d’élever et d’employer, et de gouverner la société, d’après des principes de justice et de bienveillance, rendra inutiles les religions et les lois anti-naturelles, les récompenses et les châtiments ;
10. Que les deux sexes soient égaux en éducation et en droits, les femmes étant élevées pour être compagnes parfaites des hommes. Que les unions se fassent conformément aux affections, et suivant des dispositions qui seraient nécessairement établies par des êtres devenus rationnels, placés dans des circonstances formées et combinées d’uns manière rationelle, et qu’il est impossible de fixer ni prévoir avant l’expérience . Que les enfants soient tous élevés comme enfants de la même famille – la grande famille humaine – unie d’intérêt et d’affection, et à l’abri de toute infliance répulsive ;
11. Le seul langage parlé ou exprimé par la parole, le regard ou l’action, sera celui de la vérité, sans mystère, mélangé d’erreur, ni crainte de l’homme ;
12. La paix deviendra universelle par suite des avantages incalculables de l’union sur la division ;
13. Qu’il ne soit perçu aucun impôt, tout le monde étant amplement pourvu de la surabondance du fonds commun.

En vertu de ces changements, la société ne sera plus un composé discordant des classes hautes, moyennes et basses, mais elle deviendra une seule classe éminemment supérieure, partagée en sections suivant l’âge, et assurant à chacun la plus grande somme de bien-être que le comportera son organisation. Elle formera un seul système scientifique lié dans toutes ses branches, pour la production, la conservation, la distribution et la consommation des richesses, de la manière la plus avantageuse pour chacun et pour tous ; pour bien former le caractère physique, intellectuel, moral et pratique de tous, et pour gouverner le tout, sans violence ni fraude, de manière à faire un progrès continuel dans le perfectionnement de toutes les dispositions sociales, dans toute espèce de connaissance, et dans la jouissance d’une félicité croissante et inaltérable.

Robert Owen, Le livre du nouveau monde moral contenant le système social rationnel basé sur les lois de la nature humaine,
Paris, 1847 (Abrégé et trad. de l’anglais par T. W. Thornton), pp. 40-42.)