Une œuvre commune
« La bibliothèque de Blebenheim, qui compte déjà plus de 700 volumes, a son armoire installée dans un corridor de la maison d’école […]. Pendant qu’on faisait l’armoire, les premiers livres sont restés alignés sur une planche, où les premiers lecteurs sont venus les chercher ».
Macé, Jean, Conseils pour l’établissement des bibliothèques communales, 1864, p. 2
Qui sont ces "vulgarisateurs" aux profils très différents ? Beaucoup sont scientifiques de formation, entomologistes comme Jean-Henri Fabre, mathématiciens comme Edouard Lucas ou l’abbé Moigno
(rédacteur de la revue Cosmos dans laquelle il traduit des articles étrangers pour vulgariser les travaux de chercheurs), ou encore chimistes comme Arthur Mangin avant de devenir journalistes ou directeurs de publication.
D'autres viennent directement du journalisme tel Wilfrid de Fonvielle, ou de la littérature comme Emile Desbeaux. La plupart partagent des idées républicaines de démocratisation du savoir, le plus engagé étant sans doute Victor Meunier.
La vulgarisation est aussi l’œuvre d’associations, elles aussi largement portées par un projet républicain, comme les associations polytechnique ou philotechnique, ou des associations plus locales. Elles se donnent pour but de proposer des cours, organiser des conférences ou fonder des bibliothèques.
Les bibliothèques publiques et populaires ont en effet un grand rôle dans la diffusion de cette vulgarisation et on trouve dans leurs catalogues de plus en plus d'ouvrages du genre. La Bibliothèque nationale n’est pas en reste :
en 1868, une salle de lecture publique est ouverte à tous dès 16 ans, tous les jours même le dimanche. Elle est fréquentée en particulier par un public d'ouvriers et d'employés qui ne peut venir à la bibliothèque en semaine.
Sans détrôner la littérature ou l’histoire, les sciences figurent en bonne place parmi les ouvrages demandés plusieurs fois par jour,
qu’il s’agisse de manuels techniques visant à approfondir des connaissances professionnelles ou de livres de vulgarisateurs célèbres comme Figuier.